Boister

Anne Watts & Boister

par Fabian Faltin le 26/11/2003

Note: 6.0    

Etre Anne Watts ne doit semble-il ne pas être si facile que ça. Sur "Boister", le troisième album de cette chanteuse américaine, la voix continue comme sur les précédents de se chercher : partout et nulle part à la fois. Le résultat est un mélange éclectique, musiques variées qui constituent plus un portfolio qu’un album. C’est charmant et nous intéresse, mais l’impression demeure que parfois les choses ont juste été survolées.

On trouve ainsi "Boister", le morceau instrumental éponyme, fusion jazz-rock assez complaisante tout droit sortie des années 80, "Pandora dreams", duo piano-trombone coincé quelque part entre Erik Satie, George Gershwin et "Yellow submarine", "Bitchen", funk explosif un peu chargé avec une basse électrique gonflée et une Anne Watts un tantinet comique s'essayant à Tina Turner (et accessoirement un peu long avec ses 5 minutes). Tout ça, ça va. Nettement moins bien sont "Little bean", ballade au piano, où Watts frôle dangereusement la "money note", ce moment chéri des (gros) producteurs, quand Whitney Houston au troisième refrain de ‘I will always love you" sait parfaitement déclancher les frissons ET le tiroir-caisse.
Assurement, Anne Watts n’est pas Whitney Houston. Des chansons comme "Reason", "Sailor song"et"Bye bye", où elle se laisse emporter par sa voix rauque, malicieuse, menaçante, parfois presque masculine, sont pleines d’une ironie sèche et de tempérament, admirablement propulsées par l’instrumentation vaudevillesque déjà appréciée sur l’album précédent. Ou encore la ballade au piano "Falling in love again", beaucoup plus intime que l’autre, même si comme toujours chez Watts, il y a une tendance à écraser la texture. Le grain austère de la voix s’y mélange subtilement à une résignation jouissive, et fait rêver d’un album solo, avec une Anne Watts qui n'essaierait de plaire à personne d’autre qu’elle même.