Aretha

Aretha Franklin

par Adrien Foch-Savoie le 10/11/2021

Note: 8.5    

Avant d'être signée par l'illustre marque Atlantic, Aretha Franklin chantait du gospel, accompagnée par des groupes qui tenaient plus du big band de bars à cocktails que de puissantes machines soul. Jerry Wrexler, le boss artistique d'Atlantic qui l'a repérée n'a qu'une date en vue : la fin du contrat de la chanteuse chez Columbia pour la signer chez lui. Il souhaite tout lui donner : les moyens de son art, le cadre dans lequel s'épanouir, en l'occurrence la mettre devant un piano et lui laisser le choix du groove. Le jour J arrivé, les signatures tout juste paraphées, il embarque la dame aux studios Muscle Schoals de Memphis, et roule ma poule ! Wrexler avait vu juste. Sans lui la carrière d'AF n'aurait certainement pas été celle que l'on connait.

Rhino la célèbre aujourd'hui avec un coffret de quatre Cd en tous points parfait, mais ce n'est pas le premier du genre, après "Queen of soul: the Atlantic recordings" en 1992, republié en 2014 sous la variante "The queen of soul". Celui-ci est plus complet, dédiant le premier des Cd à sa période Columbia avec dix titres enregistrés entre 1960 et 1966 : “Today i sing the blues” (premier single pour Columbia), “Won’t be long”, premier succès dans les charts, ainsi que les connus “Runnin’ out of fools,” “One step ahead” et “Cry like a baby". Rhino inclut aussi le tout premier single d'Aretha, “Never grow old”/“You grow closer,” deux gospels publiés en 1956 par J.V.B Records, enregistrés à la New Bethel Baptist Church de Detroit, où son père C. L. Franklin était pasteur.

Passant aux années Atlantic, le coffret aligne les temps forts, puisés dans l'album "I never loved a man the way i love you" (1967) où la nouvelle recrue Atlantic, soutenue par la section rythmique de la Muscle Shoals enfile les sommets comme des perles ("Respect", "A change is gonna come", "Baby, baby, baby", "Save me", "Dr Feelgood"...).
Vient l'album "Soul'69" (1969), moins connu et de coloration plus jazzy grâce aux pointures présentes derrière elle : le guitariste Kenny Burrell, le bassiste Ron Carter, le batteur Grady Tate... mais sans délaisser pour autant le blues ("I've got the blues") ou la pure soul ("Soul on top" de James Brown).
Soucieux de na pas trop doublonn
er avec les coffrets précédents, Rhino fait le choix de prises alternatives, “Chain of fools,” “Rock steady,”, “Spanish Harlem” ou live, “Baby i love you”, “Don’t play that song”, “Think”.

Enfin, une place est donnée
à sa période post-Atlantic, chez Arista Records entre 1980 et 2007 : “Jump to it”, “Freeway of love” ainsi qu'aux duos avec Eurythmics (“Sisters are doin’ it for themselves”), George Michael (“I knew you were waiting for me)”, Tom Jones (“It’s not unusual/See saw”), Smokey Robinson (“Ooo baby baby”) ou Dionne Warwick (“I say a little prayer.”) ou cette rareté, la reprise de “Someday we’ll all be free” de Donny Hathaway pour la BO du film Malcom X.
Un impeccable travail de Rhino.