Automato

Automato

par Martin Simon le 29/06/2004

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
The single
Cool boots
How to read a person like a book


A l'époque où le hip hop est déjà bien sorti de ses gonds (avec entre autres Antipop Consortium, Blackalicious, Outkast, The streets,…), voici Automato, le nouveau poulain novateur venu de New York. Produit par James Murphy (label DFA) et Tim Goldworthy (co-fondateur du label Mo'Wax), cet album éponyme se devait d'être inspiré. Et il fait bien plus qu'échapper aux étiquettes.

Automato, c'est d'abord une formation hip plutôt curieuse, rappelant celle des Roots : un guitariste, un claviériste, un batteur (qui gère également les samples), un bassiste et deux rappeurs… De vrais instruments donc ! Mais c'est surtout un son propre au groupe, cette electro vintage directement empruntée aux synthés moog et aux premières beatbox ("My casio"). D'abord surprenant, puis très vite séduisant, le cocktail mélodique est sans pareil. Et, au fil de l'album - "Focus", entrée en matière déjà réussie -, c'est un véritable petit régal de bricolage qui prend forme, avec des perles comme s'il en pleuvait ("Gold of desert kings", "Cool boots", "How to read a person like a book"), parfois quasi instrumentales ("Capes billowing"). Unique, téméraire et cohérente, la recette fonctionne, poussant l'aventure dans des trajectoires terriblement intéressantes.

Mais si la musique d'Automato semble si particulière, c'est aussi parce qu'elle se nourrit d'influences multiples. Entre accents bruts et mélodies dociles, on pense à A Tribe Called Quest ("The single"), à Andre 3000, à Dj Shadow sur les breaks batterie ("Hollywood and vine"), à Common, à Deltron 3030, à Brand Nubian… Tout en percevant les fantômes des Pixies, de The Rapture, de la soul et du funk 70's. Car si les contours musicaux d'Automato échappent à toute description précise, une chose est sûre : la trame de fond reste irrémédiablement funky, dans un esprit entre Pete Rock et les Beastie Boys. Incroyable énergie donc, soutenue par un flow à la dynamique proche de Jurassic 5 ("Gold of desert kings" notamment), des compos qui ne manquent pas de patate et une profondeur sonore imposante.

Avec ce premier album, Automato livre ainsi un hip hop de grand style, qui sait à la fois être ingénieux et faire bouger la tête. On ne s'en cachera pas, c'est très rafraîchissant, c'est efficace et c'est à goûter rapidement.