Mutations

Beck

par Francois Branchon le 01/12/1998

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Cold brains
Runners dial zero


La petite merveille du Kansas (via Hollywood) fait des efforts désespérés pour minimiser ce "Mutations", affirmant partout haut et fort qu'il n'est PAS le successeur de "Odelay", que sans les pressions de sa maison de disques Geffen, il l'aurait sorti sur Bong Load Custom, le petit label dévolu à ses frasques avant-gardistes et ésotériques. Mais palsembleu pourquoi donc ? Ces prétendus "sous morceaux" ont été enregistrés au printemps dernier à Los Angeles sous la houlette de Nigel Godrich (dernière ligne sur la carte de visite : "Ok computer" de Radiohead). Nettement plus "roots" que les titres de "Odelay" et sans les références trip hop de ces derniers temps, ceux de ces "Mutations" sont tout aussi brillants, enjoués et éclectiques. Ni obscurs ou difficiles, ils sont tout au long des plages, poignants, communicatifs, simples, accessibles. Beck est une pie inspirée : il pique ici et là du college rock, du blues, de la country, sachant être aussi cérébral et post-moderne que Sonic Youth et en même temps si simplement traditionnel que le premier groupe de bar pourrait s'approprier ses chansons. Signe de classe. Au petit jeu des influences et des citations, "Cold brains" sonne Pink Floyd, voire Radiohead empoisonné, "Static" est une rencontre entre R.E.M. et Captain Beefheart, "Lazy flies" est du David Bowie période Ziggy secoué à la salsa, "Bottle of blues" ne déparerait pas le répertoire de Johnny Cash (qui dit joliment de Beck qu'il a "la musique des montagnes" plein la tête ), "Tropicalia" offre une voix aussi mélancolique que celle d'un Robert Wyatt et "Diamond bollock" (les couilles en or en français) serait un hommage au Gainsbourg de "Melody Nelson" qu'il ne sonnerait pas autrement... "Mutations" est cependant autre chose qu'un catalogue d'influences : il respire le naturel et l'inspiration d'un artiste à son apogée. "La musique des montagnes" plein la tête ? Cela promet beaucoup de sommets en perspective...