Dear catastrophe waitress

Belle & Sebastian

par Xavier Georges le 26/12/2003

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Dear catastrophe waitress
Lord Anthony
Stay loose


Pour leur cinquième album, Belle and Sebastian ont quitté Jeepster (le label qui les a vu naître) pour Rough Trade. Le producteur est nouveau lui aussi, le vieux routier Trevor Horn (tATu, ABC, Francky Goes To Hollywood...). Et à nouveau producteur, nouveau son, les fans de la première heure sont prévenus.

Et pour certains d'entre eux, la pilule risque d'être dure à avaler. Dès le morceau d'ouverture "Step into my office, baby" (choisi comme premier single) on soupçonne une production plus lourde, moins spontanée qu'auparavant. Mais on peut encore fermer les yeux, elle préserve le "style Belle and Sebastian", reconnaissable à ses mélodies, un peu infantilisantes parfois mais si belles. C'est à mi-parcours, avec "I'm a cuckoo" que beaucoup perdront pied. Cette intro au synthé façon BO de film des années 70 est tellement épaisse et insipide qu'elle donne immédiatement envie de passer à la suite. Mais quelle suite ? Car que dire de sa suivante "You don't send me", rivalisant de mauvais goût et candidate au titre de l'arrangement le plus ringard de l'année. Est-ce l'influence de Trevor Horn réputé pour gérer la quasi-totalité des sons sur ses albums ou une baisse d'inspiration des Ecossais ?

Cependant, certains morceaux ont échappé au relooking forcé et restent dans la veine de ce qui a fait la renommée du groupe et qui déplaît tant à ses détracteurs : ces petites perles délicates aux mélodies exacerbées. Par exemple la rythmique galopante arrosée d'averses de violons transformant "Dear catastrophe waitress" en une symphonie de deux minutes. "Asleep on a sunbeam" et "Wrapped up in books" qu'on a l'impression d'avoir déjà tant de fois entendues et sonnant tellement juste qu'on en redemande. Enfin, servie dans son écrin de velours, "Lord Anthony", bijou de sensibilité et de violence soutenue, l'histoire d'un garçon maltraité par ses camarades de classe, un sujet qui va comme un gant à Belle and Sebastian. D'ailleurs - mais ce n'est pas surprenant - ce morceau a été écrit par la tête pensante Stuart Murdoch avant même la formation du groupe. Enfin, on ne saurait être complet sans évoquer "If she wants me" et son riff à la fois tendre et groovy à la Jackson Five et surtout le morceau final, l'épique "Stay loose", une virée labyrinthique construite en puzzle en trois variations du même couplet, le tout sur six minutes.

Finalement, dans cet album où se côtoient le meilleur et le pire, la nouvelle production fera peut-être changer d'avis certains anciens détracteurs, mais elle fera à coup sûr perdre des plumes à Belle and Sebastian. "If you're feeling sinister" n'est pas prêt d'être égalé.