Billy Childish with Thee Milkshakes & Thee Headcoats

Billy Childish

par Chtif le 25/01/2005

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Davy Crocket


Quand on parle de "phénomène de mode" ou qu'on exhorte à "rentrer dans le rang", certains s'alignent sans broncher, d'autres militent. Plus rares sont ceux qui, comme Billy Childish, s'en foutent royalement. Entre ses deux romans, sa quarantaine de recueils de poésie, ses trois mille peintures et sa centaine de disques, le bonhomme n'a probablement pas le temps de se préoccuper de la dernière coupe de jeans tendance. Dans le genre stakhanoviste, c'est plutôt pas mal pour un dyslexique !

A l'instar des Cramps, Billy Childish renie le "cool" et le superflu pour élaborer, le plus souvent coincé entre ses chiottes et sa table basse, un son garage dans sa forme la plus pure : bancal, granuleux et fondamentalement inutile, donc parfait. Un esprit "do it yourself" revisité qui fait aujourd'hui le bonheur des White Stripes.

"The genius of Billy Childish" regroupe des enregistrements live réalisés entre 1981 et 2000, avec deux formations : Thee Milkshakes et Thee Headcoats. Inutile d'y chercher les symptômes d'une époque, encore moins la trace d'une éventuelle évolution. Ces morceaux auraient déjà sonné tels quels vingt ans plus tôt, et ne s'encombrent pas de fioritures. Un ampli 30 watts, une moustache fin 19ème, trois accords et deux minutes chrono suffisent largement pour mettre le feu aux poudres.

Les riffs de guitare s'effritent en lames tranchantes, certains existent déjà mais tout le monde s'en fout, seul compte le plaisir immédiat. Quand en plus des choristes déjantées (Thee Headcoatees) viennent s'égosiller sur de rugueuses ritournelles ("Davy Crocket"), on tient décidément la bande son idéale d'un futur Tarantino tourné en 16 mm.

L'ombre de Link Wray plane dans la salle ("Jack the ripper"). Chuck Berry ("Little queenie") duckwalke entre les tables et Vince Taylor cabotine au bar ("Brand new Cadillac") dans une atmosphère intimiste : on peut compter les spectateurs aux claps de fin, mais les cymbales sont à portée de mains, et c'est l'essentiel.

Le son est crade au possible, sans aucune retouche bien entendu, et bien malin celui qui parviendra à discerner des paroles intelligibles derrière les incantations de Billy, plus saturées qu'un trafic de week-end de Pâques. Enfin un disque sur lequel on peut chanter en yaourt sans complexe...

(NB : ne pas manquer sur le site officiel les interviews et la discussion entre Jack White et Billy Childish)