Blitzen Trapper

Blitzen Trapper

par Chtif le 21/08/2005

Note: 7.0    

Dire que Blitzen Trapper est avare en information est un gentil euphémisme. Le groupe au patronyme touffu comme une queue de castor a fait ses armes dans les clubs de Portland, sous l’appellation non moins étrange de Garmonbozia. Ils s’appellent Eric (le maître d’œuvre), Brian, Mike, ou encore Drew… et c’est tout ce que nous savons. Plutôt léger, mais cela n’a pas empêché le combo masqué de se consolider une solide base de fans au niveau local, à force de concerts paraît-il dantesques et de démos gravées sur la platine de tonton.

De quoi se faire la main avant d’autoproduire, de belle manière, son premier effort éponyme. Une petite merveille de country-pop inventive et réfléchie qui évite l’écueil des facilités inhérentes au genre. Loin de se cantonner au classique schéma "couplet calme - refrain violent" très en vogue chez les jeunes héritiers des Pixies, Blitzen Trapper explore dans toute direction. Tout naturellement s’entremêlent punk garage ("The all-girl team"), banjo country ("Texaco") et jazz psychédélique ("Trigga Finga", baignant dans l’écho d’une guitare floydienne, et saupoudrée des craquements tendus d’une contrebasse qui lui dispute l’espace). Les Dandy Warhols ne sont pas loin non plus dans les moments de pure pop bourdonnante et rythmée, soutenus par un jeu de guitare sans esbrouffe aux notes savamment distillées comme Television en avait le secret.

Malgré quelques flagrants emprunts plutôt gênants (un riff de Supergrass pompé ici, un autre de Radiohead détourné sans vergogne là…), l’album sonne étonnamment frais et audacieux pour un premier disque. Blitzen Trapper cherche encore son style, mais se révèle passionnant dans ses errances juvéniles. On dénichera même une véritable petite perle, "Whiskey kisser" sur lequel on jurerait entendre John Fogerty (Creedence Clearwater Revival) bourré comme George Thorogood.