Countryman tout à fait classique et
propre sur lui, Bobby Bare n'est pourtant pas le prototype du
chanteur suintant la waspitude arborant des cols pelle à tarte
devant un parterre de cagoles peroxydées, lot de bien des machines à
chanter du côté de Nashville.
Chanteur, Bobby
Bare compose malheureusement très peu, d'où le fossé
infranchissable qui le sépare d'un Johnny Cash - dont il arbore
souvent la dégaine - ou d'un Lee Hazlewood, dont il a la voix douce et chaude.
Cette réédition rassemble ses trois
albums parus entre 1964 et 1966.
"The travelin' Bare" de 1964 est sans grand relief. La suivant, "Constant sorrow" de 1965, est
plus intéressant, avec de belles reprise de Waylon Jennings ("I'm
a man of constant sorrow", "Just to satisfy you"),
Hank Cochran ("I'm a long way from home") ou Will Holt
("Lemon tree") et surtout le traditionnel "Delia's
gone" qui frôle la perfection et fait oublier un anodin "Don't
think twice it's allright" de Dylan.
La belle surprise de cette réédition est l'album de 66, "The
streets of Baltimore". Moins convenu, plus pop folk luxueux,
fort bien arrangé, il s'ouvre joliment avec le multi-repris "Early
morning rain" de Gordon Lightfoot et enchaine avec "Memphis
Tennessee" de Chuck Berry (transposition country réussie), les magnifiques "The streets of Baltimore"
de Tompall Glaser et "Vincennes" Harold Spina, "Green green grass of home (Curly Putman),
une honnête compo ("Take me home to Mama") mais il emporte
le morceau avec "Houston" de Lee Hazlewood, qui est finalement, sur cet album, le cousinage le plus évident.
BOBBY BARE Delia's gone (1965 Audio seul)
BOBBY BARE The streets of Baltimore (1966 Audio seul)