Gorilla

Bonzo Dog Doo Dah Band

par Francois Branchon le 12/10/2003

Note: 9.0     

L’Amérique des années trente-quarante est célèbre pour une niche musicale mêlant comédie et chansons à l’humour grinçant et de dérision, irriguées à l’origine de musique Dixieland. Ce mélange de cabaret, inconnu chez nous et propagé au cinéma, qui a engendré Spike Jones, les Three Stooges ou le débutant Jerry Lewis, s’est vu régénéré en 1980 par le label Rhino grâce aux compilations du Dr Demento. Aux côtés des glorieux anciens, elles présentaient à grandes louchées de second degré une flopée de petits nouveaux, Barnes & Barnes, Weird Al Jankowic, Bruce Springstone ou Harry Gibson et son “Who put the benzedrine in Mrs Murphy’s Ovaltine?”. Les Anglais s’y étaient mis dès les sixties et les Monthy Python furent leurs plus dignes représentants.

En 1966, l’Angleterre propose le Bonzo Dog Doo Dah Band, sept farfelus aux commandes de la version musicale des Python (que le pianiste Neil Innes rejoindra plus tard). Aidés à leurs débuts par Paul McCartney (qui produira quelques maquettes sous le pseudo d'Apollo Vermouth), ils donnent le ton dès ce premier album paru en 1967 avec “The intro and the outro”, leur morceau le plus célèbre, une présentation par Viv Stanshall, interminable et hilarante des musiciens du morceau, au nombre desquels “John Wayne, le Général de Gaulle à l'accordéon", le premier ministre anglais Harold Wilson, "the Incredible Shrinking Man", Liberace, et "très relax, Adolf Hitler au vibraphone”). Passant de la déjante à la Fugs ("The sound of music") au plus pur style des années vingt (“Jollity farm”, "Mickey's son and daughter"), du jazz ("Look out, there's a monster coming") à la ballade Presley ("Death-cab for Cutie" - ne cherchez plus où Ben Gibbard est allé chercher le nom de son groupe), l’album est un patchwork, pouvant être très noir ("Big shot") ou carrément Beach Boys-ien ("Piggy Bank love").
Parfois proche du dadaïsme - il utilisait sur scène des robots qui parlaient et pratiquait des parodies de steap-tease - le Bonzo Dog Doo Dah Band sait à la fois être charmant et puissant, hilarant et excentrique. Ses membres étaient musicalement capables de tout jouer - et on entend dans "Gorilla" de l'ukulele et des cuillères, de l'euphonium et de la guitare, du tuba et du rossignol - et doués, Viv Stanshall (disparu en 1995) pour le chant, Neil Innes pour l’écriture de mélodies pop ("The equestrian statue" pourrait être du Kinks).
Il est difficile de décrire la brillance de “Gorilla”, alors, achetez et testez ! C'est une expérience.




BONZO DOG DOO DAH BAND Urban Spaceman (Clip 1966)