A3

Boumag (Véronique Magdelenat & Luc Bouquet)

par Sophie Chambon le 12/02/2005

Note: 8.0    

"Le plus petit collectif de la scène jazz actuelle" comme il aime à se définir, sait aussi s'entourer d'amis pour tenter la recréation d'un "jazz vif" : on découvre dans cet "A3" justement nommé, la musique en train de se faire, à laquelle il est bon de se frotter et de se confronter si l'on désire encore être étonné.

Chaque invité se joint sur deux plages au duo de la saxophoniste Véronique Magdelenat et du batteur Luc Bouquet, ce qui donne d'excitantes combinaisons de trios divers, avec successivement piano, guitare ou contrebasse. Le répertoire est celui de Boumag revu et revisité par chacun, la pianiste Christine Wodrascka, les guitaristes Raymond Boni et Rémi Charmasson, le contrebassiste Bernard Santacruz. La prise de risques, permanente une fois compris le choix de l'improvisation, intervient à tous niveaux puisqu'elle participe aussi de l'entendement (écoute) du public. Boumag c'est une aventure collective, mais c'est d'abord le ton juste de la rencontre et de l'amitié entre une saxophoniste (alto et soprano) qui joue de tranchant, ose des suraigus, mais se livre aussi dans une ballade très émouvante "On est grand" et un batteur tout en finesse, très attentif à déconstruire et à explorer les multiples univers du son. Le résultat est une musique engagée, vibrante, énergique, qui oscille entre moments de suspense et formes ouvertes.

Avec certains titres, "Si t'es pas contente écris à Télé 7 jours", "La suite", "Un soir à l'AJMI", on parcourt tous sens en éveil, le champ d'un jazz débridé : on y perd volontiers certitudes et orientations, en goûtant une authentique liberté. L'album se termine sur une note exacerbée et réconciliée, comme peut les aimer aussi Jean-Paul Ricard, à l'origine de cette nouvelle et formidable collection de l'ajmiseries.