Here come the warm jets

Brian Eno

par Philippe De Guilhermier le 30/05/2005

Note: 10.0     
Morceaux qui Tuent
Cindy tells me
Baby's on fire
Here come the warm jets


En 1973, Brian Eno s'échappe de Roxy Music alors que le groupe connaît un succès croissant. Son allure de travesti futuriste à faire pâlir d'envie Marilyn Manson et son rôle de manipulateur de sons étranges font non seulement le bonheur du public de Roxy mais commencent aussi à sérieusement voler la vedette au chanteur-leader Brian Ferry qui ne l'entend pas de cette oreille. Après l'escapade expérimentale "No pussyfooting" en compagnie du guitariste de King Crimson Robert Fripp, il démarre véritablement sa carrière solo avec "Here come the warm jets", un album impressionnant et jubilatoire.

Soutenu par Phil Manzanera et Andy Mackay de Roxy Music, Eno livre un rock tordu qui lorgne à la fois du côté des déflagrations sonores du Velvet Underground période "White light white heat" et des excentricités à l'anglaise façon Syd Barrett ou Kevin Ayers. Les bidouillages électroniques et autres traitements bizarres pour claviers ou guitares sont plus que jamais de la partie ("The Paw Paw negro blowtorch" !) mais n'enlèvent rien à l'accessibilité très pop de l'ensemble. Du glam rock malin de "Needles in the camel's eye", au doo wop loufoque de "Cindy tells me" en passant par "Baby's on fire", petite perle composée par le sorcier Fripp, tous les titres sont méchamment accrocheurs et d'une stupéfiante inventivité.

Eno a ici posé les bases d'une musique mutante qui, en plus de concilier parfaitement pop et avant-garde, allait faire des émules durant les deux voire les trois décennies à venir.