Les destins brisés du rock 2

Bruno De Stabenrath

par Francois Branchon le 08/12/2007

Note: 8.0    

Humain soumis aux mêmes règles, le rocker moyen meurt de manière très ordinaire sur la route, dans les airs, de trous dans l'estomac ou de palpitant qui jette l'éponge. Tout au plus concède-t-il aux statistiques un nombre plus élevé d'overdoses d'héro, de règlements de compte après minuit ou de suspensions au plafond via une corde... Mais en revanche, contrairement au Texan moyen, pas un n'a fini sur les chaises électriques de Bush...

"Les destins brisés du rock 2" (230 morts entre 1953 et 2006 tout de même), version actualisée du volume 1, n'aurait qu'un intérêt éditorial limité s'il se limitait à l'aspect morbide de son sujet. Un premier survol rapide de l'ouvrage (et le bandeau de l'éditeur) suscitent d'ailleurs une réticence, avec un côté parfois "trash reality à la Taschen" (les bouquins de photos de cadavres dans les accidents de la route), en étalant tous ces clichés de crashes, de la Porsche de James Dean ("avant" et "après") aux diverses épaves d'avion (Cochran, Holly, Lynyrd Skynyrd...), et atteint même un voyeurisme nauséeux avec le cadavre d'Otis Redding, hissé de la mer la corde au cou tel un pendu.
Mais à la lecture, l'auteur se sort du piège glissant de son thème par des biographies bien faites et documentés, sur les histoires et les carrières, honorant nombre de gens peu connus, des musiciens comme des compositeurs/arrangeurs. On hésitera quand même à parler d'encyclopédie, faute d'universalité - seul le monde du rock d'un point de vue français (= rock anglo-américain) est ici abordé - et faute d'exhaustivité, car si on évoque les musiciens, leurs compositeurs (Otis Blackwell) et leurs producteurs (Jack Nitzsche) pourquoi avoir oublié leurs "Pygmalion", les grands créateurs de labels que furent par exemple Ahmet Ertegun (Atlantic) ou Tony Wilson (Factory).

On aime les dictionnaires quand on y apprend quelque chose chaque fois qu'on s'y plonge. Vérifié ici.

Préface (insipide et prétentieuse) de Dick Rivers.