The look of love (The Burt Bacharach collection)

Burt Bacharach

par Francois Branchon le 23/05/2001

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Wishin' and hopin' (Dusty Springfield)
Trains and boats and planes (Anita Harris)
I wake up crying (Chuck Jackson)


La variété de luxe peut être séduisante comme hyper chiante, selon que les compositions dominent ou se laissent bouffer par les arrangements opulents. Burt Bacharach, qui a squatté les étiquettes de 45 tours des sixties, compositeur d'un wagon de tubes mondiaux et des faces B qui allaient avec, a le plus souvent passé l'écueil. Furieusement à la mode dans l'actuel microcosme parisien, sa musique sonnait voici trente ans, pour les amateurs de rock (minoritaires il est vrai) furieusement ringarde, car trop bien assortie au canapé cosy des parents, comme celle d'un Scott Walker, ce 'jeune croulant' qui vénérait Brel en plein Carnaby Street ! Les tentatives de réhabilitation commencèrent avec Marc Almond et Soft Cell vers 1979, Elvis Costello, et plus récemment Neil Hannon et sa Divine Comedy. Aujourd'hui, le recul permet de faire le tri, de remplacer parfois un vieux mépris par de l'estime, Scott Walker justement, Sinatra arrangé par Riddle, Nat King Cole ou Dusty Springfield. Un double Cd des oeuvres de Burt Bacharach réclame toutefois une abnégation de poilu, il va falloir se taper la choucroute de Petula Clark, le vulgaire Tom Jones, les 45 dents de Dionne Warwick et l’ineffable Trini Lopez. Mais une compilation signée par le label Rhino, qui fait (toujours) bien les choses suppose aussi son lot de bonnes surprises, de découvertes de perles passées inaperçues, de morceaux peut-être négligés. Eliminons d'entrée les refrains tout terrain, les universellement connus "What's new pussycat?" (par Tom Jones), "I say a little prayer" (Aretha Franklin), "(There's) always something to remind me" (Sandie Shaw), "Don't make me over" (Dionne Warwick), les instrumentaux de Herb Alpert (aargh) ou l'insupportable scie Fm "Arthur's theme" de Christopher Cross... Rhino a réuni, en cinquante titres, bien plus que le Bacharach 'alimentaire' et aligne les Shirelles, Nancy Wilson, Dusty Springfield ("Wishin' and hopin", "The look of love" qui donne son titre à la compil), Jackie De Shannon, Anita Harris (très beau "Trains and boats and planes" - le "Quand un bateau passe" de Claude François), ses compositions 'masculines' des 60's pour Marty Robbins (voir aussi la remarquable réédition du bonhomme chez Columbia Legacy), Gene Pitney, les Searchers, Chuck Jackson (un impérial et fondant "I wake up crying"), Brook Benton, B.J. Thomas, Tommy Hunt, des titres beaucoup plus récents "The windows of the world" pour les Pretenders ou "God give me strength" co-interprété en 1996 avec Elvis Costello... Et pour la fin, le délicieux "Blue on blue" de Bobby Vinton, au refrain pompé par Royksopp pour l'intro de son "So easy". Une somme excellemment réalisée et très bien présentée.