Dream big

Burt Bacharach

par Igor Wagner le 05/04/2024

Note: 8.5    

A part "The look of love" publiée par Rhino il y a quelques années, les compilations dédiées à l'auteur-compositeur de génie abondent, pour ne pas dire pullulent, mais s'écartent rarement des grands succès emblématiques devenus des scies, les plus "sûrs" commercialement. Il est donc important de signaler cette rétrospective particulièrement rafraîchissante signée du label anglais el Records - "Burt Bacharach Dream big" - consacrée à la première décennie de son oeuvre (à partir de 1951).

Le premier Cd présente le Bacharach encore Inconnu, quand il recherche sa signature sonore. Certains artistes avec qui il collabore auront des influences clés sur lui, notamment les chanteurs de country à voix, Perry Como ou surtout Marty Robbins, dont les titres respectifs "Magic moments" et "The story of my life" seront d'emblée des succès. A cette époque on le retrouver déjà au cinéma, "The Blob", thème d'un des premiers films de Steve McQueen.

Le deuxième Cd se penche sur la période 1959-1961 ou BB semble déjà lancé sur de bons rails. Certes pas mal de titres resteront confidentiels, mais certains percent : "Please stay" des Drifters, le magnifique "I wake up crying" de Chuck Jackson...

Le troisième Cd aborde la première année vraiment prolifique, 1962, avec trente titres qui marquent l'arrivée des premiers classiques : "Make it easy on yourself" de Jerry Butler, "It's love that really counts" de The Shirelles et "Any day now" de Chuck Jackson. C’est aussi la période où il lance sa muse Dionne Warwick qu'il rendra mondialement célèbre ("Don't make me over").

Le quatrième Cd du coffret est peut-être le plus intrigant et intéressant pour les mélomanes : il propose 21 morceaux choisis parmi les influences et les inspirations de Bacharach, qui rappellons-le avait une formation classique petit à petit tournée vers le jazz. 
Le patchwork proposé - Mel Tormé, Charlie Parker, Leonard Bernstein, Debussy, Ravel, Count Basie - enseigne que les compositeurs impressionnistes français, la musique folklorique brésilienne, le Bebop et le jazz moderniste étaient les sons qui avaient finalement décidé le jeune Burt à composer lui-même.
Et il est vrai que les "Reflets dans l'eau" de Debussy semble trouver un certain écho plus tard dans "Alfie"...).

Burt Bacharach était un génie, un compositeur au talent inné, au savoir-faire jamais vulgaire, qui a révolutionné l'écriture des chansons populaires en y instillant une sophistication technique jusqu'alors inimaginable. Inaltérable.