Camino real

Buscemi

par Filipe Francisco Carreira le 11/03/2004

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
The world around


Buscemi, de son vrai nom Dirk Swartenbroekx, voit grand, ce qui ne signifie pas qu'il roule en Mercedes décapotable ou chausse du cinquante-huit. Seulement, ce producteur belge ne se lasse pas de confronter la musique électronique à des sonorités venues du monde entier, plus particulièrement du Brésil. Bossa nova et afro beat constituent les surprises d'une house veloutée après laquelle courent les français depuis que le ballon (d'or) de la French touch s'est piteusement dégonflé.

Après "Our girl in Havana" en 2001, Buscemi s'est fait remarquer en remixant Calexico et Madredeus. A ce titre, sa version de "O paraiso" sur l'album "Electronico" n'en finit pas d'impressionner, à l'opposé des "Gadget girls" en pilotage automatique : invitées à ouvrir le bal, elles laissent de marbre et, sans doute conscientes de leurs propres limites, forcent la main avec des "I like it !" insistants et d'autant plus inopportuns. On pense à Bob Sinclar, ces trucs qui bombent le torse en disant "Tout va bien, embrassez-vous, achetez mes disques !". Heureusement, "Obrigado", chantée par Isabelle Antena, française éprise de Bossa nova, a vite fait de dissiper le(s) malentendu(s), de mettre l'assistance à l'aise, ou mieux, dans la poche. Le message, toujours aussi positif - "Obrigado" signifie "merci" en portugais - remporte cette fois l'adhésion, le rythme chaloupé et la sensualité promettant une idéale et naturelle mise en jambes.

Il est beaucoup question de danse dans "Camino real" mais aussi de ce qui suit et de ce qui précède, du repassage de sa chemise favorite aux baisers langoureux à l'arrière de l'Opel Ascona. Entre plaisir partagé et solitaire, explosion nocturne et plénitude lounge, rêverie distante et fourmis dans les jambes, "Até o fim" et "Seaside" marquent leur territoire et la présence de Michael Franti, ex-Disposable Heroes of Hiphoprisy et actuel Spearhead, fait des merveilles sur "The world around". Reste à signaler la pochette, somptueuse image en noir et blanc, portrait de femme au regard captivant, inquiet mais ouvert, désireux de connaître enfin le "Chemin royal".