While you weren't looking

Caitlin Cary

par Jérôme Florio le 25/03/2004

Note: 7.0    

Avant d'enregistrer sous son nom, Caitlin Cary a fait partie de Whiskeytown , un groupe américain de country alternative. Dissous à la fin du siècle dernier, il jouit d'une bonne réputation du fait de la carrière solo de Ryan Adams, volontiers présenté comme le chef de file surdoué d'une génération de songwriters qui jouent avec la tradition.
L'apport de Cary au sein du groupe ne se limitait pas à de la figuration : elle coécrivait, jouait du violon, chantait, formant avec Adams un couple qui a été comparé à Gram Parsons et Emmylou Harris. "While you weren't looking", son premier disque qui parait seulement maintenant en France (un second réalisé avec la même équipe, "I'm staying out", est sorti en 2003), a conduit certains à réévaluer la place de Caitlin Cary au sein de Whiskeytown – à la hausse, au vu de la relative déception suscitée par les disques de Ryan Adams, qui co-signe ici deux chansons ("Please don't hurry your heart" et "I ain't found nobody yet").

Tout en conservant ses bases folk et country, Cary privilégie une approche plutôt pop. Le violon et la pedal-steel sont à l'arrière-plan, et laissent les devants à la rythmique et aux guitares. Chris Stamey (The dB's) est à la production, rutilante, qui pourrait sembler très middle-of-the-road s'il n'y avait ce petit supplément d'âme : la voix chaude de Caitlin Cary accroche et séduit, elle semble presque aller contre la musique, avec ce grain un rien râpeux à la Sandy Denny ou Nathalie Merchant.

"While you weren't looking" se déroule sans anicroche, un peu trop uniforme. Le disque commence bien avec "Shallow heart, shallow water", qui manque un peu d'aspérités mais rondement menée. Sur un terrain plus clairement country ("Please don't hurry your heart", "Thick walls down" et "Hold on to me") Caitlin Cary se montre sûre de son propos, sans rien surcharger. Conformément aux canons du genre, les textes se concentrent sur les peines de cœur : "Fireworks" est un joli titre lent, plus dépouillé, sur lequel la voix de Cary fait merveille. Toutefois, l'album accuse le coup de deux titres qui affaiblissent le tempo, "What will you do ?" en début et la trop longue "The fair" aux deux tiers. "Pony" est un titre attrape-cœurs enlevé et catchy : de la pop adulte ("Too many keys"), sans grande originalité mais solide, du travail bien fait et très confortable. Une sensibilité très féminine se dégage de l'ensemble, une sensualité mûre, irréductible aux clichés véhiculés par les Kylie & Co - on pense souvent à Kirsty Mc Coll, disparue tragiquement il y a peu. Ce n'est pas ici que vous verrez un nichon piercé : la vulgarité n'est pas de mise.

"While you weren't looking" donne envie de garder un œil sur Caitlin Cary, et la place sur la carte des voix américaines à suivre.