Rebel radio

Calvin Russell

par Francis Rateau le 25/11/2001

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Shadow of doubt
No expectations


Calvin Russell est le plus français des songwriters américains et son succès a toujours été plus évident par ici que du côté d'Austin. Cela va peut-être changer car le rebelle texan est de retour avec un album, "Rebel radio", qui est publié pour la première fois aux States et en France, un disque qui devrait bouleverser la donne ! Calvin Russell se veut libre, l'a toujours proclamé malgré ses nombreux déboires, et, suite à une vague rencontre à Austin, dil a décidé d'enregistrer un album roots, plombé de sobres ballades country et de rock rugueux, un retour aux sources, un parcours aux racines des musiques américaines. Signé en France par le précieux label Dixiefrog, qui réalise aussi un superbe visuel comme à son habitude, produit par Joe Gracey, collaborateur des premiers enregistrements de Russell, le voyageur d'Austin nous offre, avec sa sincérité habituelle et sa bouteille de whisky légendaire, une vadrouille sur les chemins poussiéreux du désert, une ballade hors du temps, une sorte de carte postale de l'Ouest sauvage. L'ouverture donne le ton avec "shadow od doubt", un rockblues asséché et sec comme une trique sur une voix plaintive gospélisante. La suite est une succession de ballades pour la plupart signées par quelques grands noms de songwriters Texans, et non des moindres, Willie Nelson ("I never cared for you"), Townes Van Zandt avec trois pièces dont le sublime "Still lookin' for you", dans lequel la voix de Calvin Russell prend des accents de Johnny Cash, et le roots rock "Ain't leavin' you love", et Stephan Bruton avec un "It is what it is" rocailleux. Retenons aussi la reprise country étonnante du "No expections" de Mick Jagger et Keiths Richards, des pierres qui roulent dans le désert texan en quelque sorte, et un bien beau blues justement stonien signé Gillian Welch "Pass you by". Deux pièces seulement, et on le regrettera, sont signées par Calvin Russell lui-même, deux ballades country dont il faut surtout souligner le "country boy", une réflexion sur les gens qui vivent dans les étendues sauvages de l'Ouest. L'ensemble est parfaitement soutenu par des arrangements soignés et le choix des instruments (le violon de Richard Bowden, le dobro de Lloyd Mainess, les guitares de Stephan Bruton et de Calvin). Losque le temps est au retour aux sources, c'est souvent que l'Homme est devenu un Sage, s'octroyant une pause dans sa dure vie et que la plénitude n'est pas loin. Serait-ce le cas de Calvin Russell ? En tout cas il donne envie d'enfourcher un cheval et de le suivre sur ce "Rebel radio". Superbe !