Carp

Carp

par Jérôme Florio le 08/03/2007

Note: 8.0    

Carp a beau être signé par un tout jeune et petit label parisien (Squaredogs), c'est au contraire par la maturité et la prestance de sa musique que le groupe séduit.

Antoine Kerninon (batterie) et Benoit Guivarch (chant et guitare), les deux membres fondateurs, viennent de Quimper : ils y ont d'abord formé en 2001 le groupe Sherrylyn, aux infuences majoritairement anglo-saxonnes – entre les murs de guitare de Ride et les ambiances plus calmes et poisseuses d'Arab Strap. Ouverte à des espaces plus vastes, leur musique se situe maintenant au croisement de grands courants : une densité et une patience toutes nordiques (de l'Islande de Sigur Rós à la scène canadienne autour de Silver Mt. Zion), et plus près d'ici Kat Onoma ou les Hurleurs, pour le côté littéraire et racé (on y pense à l'écoute du long "Mettre à mort", un peu plombé). Le ton est volontiers grave, comme la voix de Benoit Guivarch qui installe une atmosphère mâle et enveloppante (genre Tindersticks) - ce qui n'empêche pas la galanterie : "Tokyo" est un duo avec Mélanie Pain, une des voix de Nouvelle Vague…

Aux moments calmes succèdent des orages austères et lourds, aux ambiances entre chien et (Tue-)loup. Les musiciens - Christine Beunaiche (claviers), Julien Ribeill (guitare), Fabrice Maria (basse) - ne se permettent pas beaucoup de fioritures : ils construisent patiemment leurs ambiances, en prenant garde à maintenir une tension constante. Carp parvient à faire varier l'intensité et le volume tout en conservant un rythme égal ("Morning sheffield", "To the city", "The great escape") : ils se rapprochent en cela de Mogwai ou de la scène canadienne. Leur rock statique et lancinant se teinte d'une douceur planante et feutrée, qui parvient à rendre accueillant un univers un peu sombre.