| | | par Francois Branchon le 02/06/2010
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| On adore aller fouiller les malles des
greniers, même quand d'autres fouillent à notre place... Mark
Powell, patron du label Esoteric s'est spécialisé dans le rock
progressif, c'est son droit. A son crédit, on dira qu'il a l'esprit
large, ne détournant pas les yeux sur le folk (Trader Horne), le
rock bordelo-psychédélique (Mick Farren et ses Deviants) ou le funk
un peu barré (Demon Fuzz). On
accueille donc avec grande
bienveillance son exploration méticuleuse des archives de
l'honorable maison anglaise Pye (maison-mère des Kinks, Donovan et
Petula Clark) et de Dawn, son sous-label crée à la fin 69 pour
démarquer ses groupes plus "novateurs" du reste de son
catalogue (à la manière de EMI créant Harvest pour héberger ses
groupes de "djeuns", les Third Ear Band, Edgar Broughton ou
autre Pink Floyd).
La visite dure près de quatre heures,
compilée sur trois Cd. Introduit par les obscurs, obsessionnels et
sitarisés Bystanders ("Cave of clear light"), le coffret
fait défiler des valeurs sures, presque superflues (Donovan deux
fois, Status Quo quand ils s'essayaient à être planants), des
"qu'est-ce qu'ils foutent là?" (John Kongos, Mungo Jerry),
des groupes par ailleurs réédités par Esoteric (les excellents
Paul Brett's Sage, les Gallois de Man, Trader Horne, Heron, Fruup,
Blonde on Blonde, Jackie McAuley, Pesky Gee, Gravy Train, Icarus,
Demon Fuzz et les pénibles Jonesy...) et de vraies curiosités,
groupes célèbres quelques jours et vite oubliés : Episode Six
(bonne version de "Morning dew"), The Mooche ("Hot
smoke and Sassafras" deep-purple-ien), Titus Groan (clones des
Nice), le folk alerte de Comus ("Song to Comus"), Quiet
World (Moody Bluesien "Body to the mind"), Mike Cooper (le
joyeux foutoir free de "Pharaoh's march")... mais aussi
quelques hors-sujet, Writing on the Wall (que vient faire ce boogie
"Man of renown" ?), Neo Maya ("Ufo", une face B
casse-burnes de single : un solo de batterie !) ou Atomic Rooster et
Chris Farlowe (qui dénichera le versant underground de "Can't
find a reason" ?).
De cette réédition soignée et très bien
présentée (un livret digne de Rhino), il est assez difficile à l'arrivée
de dégager un style fil conducteur de tous ces titres, tant le
spectre proposé est large. Mais couvrir une période aussi vaste
(1967-1975) condamnait à accorder une place aux terribles années
soixante-dix, quand l'inflation progressive sévissait, métastasant
du folk au rock. |
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