Hyperion with Higgins

Charles Lloyd

par Sophie Chambon le 25/11/2001

Note: 7.0    

Charles Lloyd communie de façon mystique dans ses albums : son dernier disque "Hyperion with Billy Higgins", dont le titre fait aussi référence au romantique anglais Keats, est un vibrant hommage au batteur et ami d'enfance disparu cette année. Tout au long des plages, dès les premières mesures de "Dancing waters, Big Sur to Bahia" (For Gilberto and Caetano), il nous dit des choses tendres et sensuelles, de sa voix reconnaissable entre toutes, puisqu'il affirme volontiers que le saxophone est sa voix. Au-delà de l'aspect gentiment illuminé du personnage, Charles Lloyd a une sonorité exceptionnelle au saxophone ténor : il ne tombe jamais dans des accès de violence expressionnistes, ni dans des moments d'émotion trop soulignés, bien que l'esprit de John Coltrane soit présent dans de longues compositions au climat plus sombre "Miss Jessye" et "Darkness on the delta suite". Après le mélancolique "The water is wide", composé essentiellement de ballades, ce deuxième volet enregistré avec le même personnel en 1999, lors des mêmes séances, sorti un an plus tard, toujours chez ECM, est nettement plus enlevé, plus ouvert aussi. John Abercrombie intervient avec assurance dans "The caravan moves on" aux influences orientalisantes marquées, ou dans "Dervish on the glory B" au swing exotique, alors que le morceau titre resplendit sous les cymbales de Billy Higgins. Ecouter Charles Lloyd, c'est prolonger une rencontre, reprendre une conversation avec des musiciens dont certains ont à présent disparu. On reste de toute façon entre amis.