XI

Chicago

par Francois Branchon le 18/04/2004

Note: 3.0    

Chez Chicago, on compte ses disques comme chez Jaguar, avec le seul millésime, une sobriété qui se veut classe. "Classe" dites-vous ? Des intros de piano cérémonieuses, des guitares qui se voudraient rugissantes mais qui n'effraient pas un mulot, des vocaux poussifs, des cuivres qui maquillent le tout comme une limousine volée... Dix ans après sa formation, Chicago n'a pas changé.

J'ai toujours détesté Chicago, autant que leurs frangins Blood, Sweat & Tears et leur cousin Elton John, des dérouleurs de variété au kilomètre soûlante, suant sous ses déguisements rock. Un genre d'imposture qui malheureusement fonctionne, le plus souvent grâce à des artifices, ici le "sérieux" d'un simili big band, là des tenues grotesques de chrysalide drag-queen (Elton).
Stimulé par l'époque remuante, le Chicago des débuts en 1968 avait su pondre quelques chansons bien tournées ("Question 67 & 68"...), mais dépassés par leur concept - section de cuivres au fronton - la musique (ballades soft rock) a vite fait de s'enliser dans un marécage variétoche de luxe (celle-là même qui perdra un Santana).

En 1977, les punks anglais et américains ont déjà commencé la grande lessive, et les protubérances du genre - regards soupirant d'aise vers Emerson, Lake & Palmer ou Yes - n'en ont plus pour très longtemps. Bon débarras.

Nb. A noter le peu d'estime en lequel la Columbia tient aujourd'hui son ancienne valeur sûre et pompe à fric Chicago : c'est Rhino, l'ambulance des fonds de catalogue négligés des majors américaines qui le réédite.