Vulcan

Chris Wood

par Francois Branchon le 17/08/2009

Note: 8.5    
Morceaux qui Tuent
Indian monsoon
Birth in a day

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Laissé sur le carreau en septembre 1974 à la mort de Traffic (brutale désertion en rase campagne - un concert à Chicago - de Stevie Winwood, qui rentre à la maison, fatigué de la route et de son groupe), Chris Wood voit s'évanouir le même jour son projet d'album solo, auxquels les membres de Traffic devaient s'associer. Retourné à Londres, vivant dans un semi-chez lui où son quotidien est peuplé d'alcoolos et de junkies se pointant à toute heure, il parvient à rencontrer quelques musiciens lors de ses visites aux studios Island : le jeune guitariste Peter Bonas (tout juste viré de Brand X), le clavier Phil Ramacon avec qui il partage une passion pour les accords mineurs de Debussy et le bassiste vénézuélien Jorge Spiteri. Avec chacun il va enregistrer des démos, mais elles  finiront sur des étagères (Chris Blackwell boss d'Island les gardant quatre ans pour les retourner à Wood en 78), et comble, pas même à sa mort en 1983 on n'eut l'idée de les publier, Polygram (à l'époque) ne les jugeant probablement pas "rentables". Bravo donc à Mark Powell d'Esoteric d'enfin les exhumer aujourd'hui.

Les amateurs de Traffic s'y retrouveront partiellement, grâce à des titres composés antérieurement, "Barbed wire", présent ici en version solo acoustique et avec groupe, et "Wood's bolero" où est proposée ici une version live à l'Olympia avec Traffic (lors de cette dernière tournée mondiale de 74). Car par ailleurs, la tonalité est résolument jazz, les cuivres le plus souvent en avant, et le style souvent joyeux. Chris Wood excelle dans cette nouvelle fusion chère aux "innovateurs" de l'époque (Weather Report ou Gato Barbieri), combinant ambiances flottantes et aériennes, densité des cuivres et basse très présente, souvent au médiator pour en accentuer la nervosité, et touches électroniques des claviers, souvent pour un dépaysement "pré-world music". Dans cette ligne, "Indian monsoon" et plus encore "Birth in a day" sont des monuments de jazz sensuellement virevoltant, colorés de nuances indiennes (une vieille lune du Traffic des débuts) et mixés pour bouger. Le plus curieux est d'ailleurs le parallèle évident avec le travail que produira un Bill Laswell bien des années plus tard. Visionnaire Chris Wood...