| | | par Hugo Catherine le 10/10/2005
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| Les trois compositeurs à l'origine de cette œuvre collective - Christian Fennesz, Mika Vainio et Christian Zanési - échangent et assemblent leurs signaux et leurs ondes ; d'autres diront leur galimatias de bruitages. Leurs radars musicaux, sondés dans les studios du GRM, semblent parfois puiser dans le fatras parasitique de la vie de tous les jours. Pour autant, leurs va-et-vients de sons demeurent assez peu identifiables.
Leurs paysages ("Dark landscape", "White landscape") stimulent notre mémoire auditive. Ainsi, les basses nous attirent vers des terrains connus : paquebot au loin, hélicoptère alentour... Mais, le fort degré expérimental des compositions consacre une certaine étrangeté des sons présentés. Cette dernière est d'autant plus forte qu'elle s'appuie sur un univers sombre, donc intimidant ("First shadows", "Last shadows"). En effet, les crescendo de signaux, les alarmes, les pétaradements, les balbutiements, les électro-gongs intermittents forment souvent une
masse vrombissante et claustrophobique.
Le macabre ambiant peut parfois s'apparenter à une musique d'horreur, toute en hypnose, nous prenant tout en douceur. De fait, la lenteur des mouvements, des flux ("Transfers"), des vagues ("Waves") illustrent un monde de guerres, d'attaques, d'assauts multiples. Ainsi, "Colour" déploie un long magnétisme étouffant qui servirait au mieux un film policier, meurtrier même. "Last shadows" constitue une montée en puissance de cet assombrissement sonore, une vraie balade de la peur parmi les lames de sons.
L'auditeur pourra hésiter quant à la nature des sources de cette oppression rampante. Reflet externe de la violence du monde de guerre ambiant ("Irak's song", "Power") ? Ressenti sonore interne de nos corps sensibles ("Premonition", "Nostalgia") ? Peu importe ; entre l'agressivité environnante et l'infra-sensible de l'humain, se joue comme la recherche d'une pulsation apaisante : une recherche bien rêche parmi les accroches sonores discrètes de compositions vertigineusement minimales.
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