Valentyne suite + The grass is greener

Colosseum

par Anton Makassar le 21/08/2017

Note: 8.0    
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Du point de vue français, c'est par ce second album que l'on découvre Colosseum en 1969. Le premier était passé inaperçu, probablement non distribué chez nous, faute de courage ou de flair. Et c'est probablement tant mieux pour Colosseum, tant la différence est notoire entre les deux albums.
Si la tendance à l'orgie technique est toujours à l'ordre du jour ('Putain qu'ils sont forts !!"), le groupe a compris qu'une mélodie catchy a tout de même un meilleur impact.

"Valentyne suite" attaque donc très fort avec deux morceaux imparables, "The kettle" en ouverture, enchainé avec "Elegy", morceau-symbole qui a tout : la pêche, le gimmick, la mélodie qui reste en tête et un arrangement intelligent où une flute aérienne vient alléger le débit de mitraillette du batteur Jon Hiseman, toujours pas calmé depuis l'année précédente.

Colosseum peut ensuite faire suivre un blues suave ("Butty's blues") pas si éloigné de Mayall (que Hiseman et Heckstall-Smith ont accompagné dans les Bluesbreakers), un "The machine demands a sacrifice" où l'orgue Hammond propage à grandes nappes une ambiance à la Santana, pour attaquer son gros morceau "The Valentyne suite", suite en trois parties archétypale du rock jazz progressif, au centre d'un triangle Chicago, Caravan, Nice (pour les excès de l'orgue), avec des réminiscences Pharoah Sanders, des harmonies espagnoles venant égayer l'affaire, des tonnes de phasing parfois, mais dont la troisième partie ("The grass is always greener") est une vraie réussite (à voir live ci-dessous lors d'une reformation en 1994).

La présente réédition Esoteric présente en bonus non pas un morceau, mais un album complet, "The grass is greener", Lp paru uniquement aux Usa l'année suivante en 1970, et conçu comme l'alternative américaine de "Valentyne suite", dont il ne reste que quatre morceaux au générique, dont la troisième partie de la suite, les autres remplacés par quatre nouvelles compositions, "Jumping off the sun" de Mike Taylor, très Cream (avec raison, Taylor joua avec Jack Bruce et Ginger Baker et composa "Pressed rat and warthog", "Passing the time" et "Those were the days" pour "Wheels of fire" des Cream), "Lost Angeles" morceau pivot des concerts de Colosseum, le dispensable "Rope ladder to the moon" et une reprise totalement dénaturée du "Bolero" de Ravel.



COLOSSEUM Elegy (Audio seul 1969)



COLOSSEUM The grass is always greener (Live Köln 1994)