A fine day...& a brilliant evening (1983-1985) : Jane and Barton, Grab Grab the Haddock, In Embrace.

Compilation

par Jérôme Florio le 14/10/2003

Note: 6.0    

Le label londonien Cherry Red continue sa série de rééditions avec ce deuxième volume de raretés. Le premier volet, qui couvrait la période 1981-1983, papillonnait entre punks arty et jeunes gens mélancoliques ; sur la présente compilation la sélection se resserre autour de trois formations.

Cela ne commence pas très fort avec Jane & Barton : pour qui ne connaît pas, l'effet de surprise joue sur "It's a fine day", chantée a cappella par l'ex-Marine Girls Jane d'une voix aiguë et rêveuse (de la chair à remix - suit celui de A Guy Called Gerald, qui paraît aujourd'hui un peu daté). Un chant d'enfant de chœur assez déprimant, pris dans une ambiance neurasthénique, entre comptine et chanson de film des années 40 sans orchestration ("Off all-leaves were falling"). Puis la surprise se meut en agacement dès qu'on a saisi le truc, malgré l'apport d'une flûte qui souligne la mélodie du chant ("I want to be with you"), ou d'un piano joué à un doigt ("There is a man") : on dirait que le couple se berce égoïstement lui-même.

Grab Grab the Haddock ("Attrape Attrape Le Hareng" en VO) : un des pires - ou des plus drôles - noms que l'on puisse imaginer pour un groupe de pop ligne claire, mené par Jane et Alice Fox (ex-Marine Girls aussi, la troisième, Tracey Thorn, partie à la pêche au gros avec Everything But The Girl). La tintinnabulante "Nothing you say" est assez réussie ; les harmonies vocales mixtes et l'acoustique enlevée de "Last fond goodbye" ont un air de famille avec The Colour Field de Terry Hall. Le reste sonne plus gauche et amateur ("Wan but smiling", "I'm used now").

In Embrace avaient déjà sorti des disques avant de signer sur Cherry Red. Leur son électropop romantique marqué eighties peine à séduire : boîte à rythme, cordes synthétiques, un chant comparable par exemple à Mark Hollis aux débuts de Talk Talk ("Chocolates for breakfast", "This brilliant evening" - on a aussi droit à la version instrumentale, pratique courante sur les faces B de l'époque). "The darkest horse", plus sombre, et "Shouting in cafés" avec ses chœurs féminins - quoiqu'un peu molle -, résistent mieux.

Le tout paraît d'un intérêt limité pour les non-collectionneurs peu portés sur la nostalgie, et sera plutôt destiné à ceux qui aiment agrémenter les belles histoires par de petites anecdotes.

NB : inversion des titres 11 et 12 sur la pochette.