Nous fumes nombreux à la fin des années soixante-dix à jouir du coup de balai salutaire des punks et de la new wave administré aux excroissances progressives bousouflées qu'étaient devenue les Yes, Emerson, Lake & Palmer et consorts. Autant de formations qui discréditaient un mouvement né en Angleterre à la fin des 60's, structuré comme un vrai mouvement, avec ses têtes d'affiche, ses têtes chercheuses comme ses pépites underground.
Aujourd'hui, avec le recul de cinquante années, c'est avec intérêt mais aussi amusement qu'on écoute cette anthologie de quatre Cd que Cherry Red consacre au rock progressif anglais, saisi ici en l'année 1972, considérée comme apogée du style.
A ce moment de l'Histoire où les Beatles sont morts, le très restreint psychédélisme anglais essouflé (Pink Floyd fréquente déjà les stades, les Stones déjà machine et les punks pas encore dans la place, les groupes anglais progressifs fleurissent partout, naissant sur tous les styles, rock, folk, jazz et toutes les combinaisons qui en découlent.
On retrouve ici un grand nombre de formations alors classées underground, connues des seuls amateurs à l'époque : Curved Air, Skin Alley, Mellow Candle, Help Yourself, Jade Warrior, Vinegar Joe, Dave Cousins, Khan, Jonesy, Bombadil... quelques groupes apparus plus tôt et ayant changé de style, Pretty Things et Family (venus du rock), Savoy Brown et Ten Years After (blues rock), Lindisfarne (folk rock), Matching Mole (rock jazz) et quelques têtes d'affiche aux succès rapides et déjà bien installées en 1972 : Wishbone Ash (dont l'emblématique "Blowin free" donne son titre au coffret), Procol Harum, Hawkwind, Van Der Graaf Generator, Caravan, Gentle Giant, Pink Fairies, Edgar Broughton Band, Renaissance (fondé par l'ex-Yardbirds Keith Relf)
Même si les résultats n'étaient pas toujours bons (le mauvais et le laid ou le chiant n'étaient pas exclus, cf Genesis), tous ces groupes se retrouvaient pour repousser les limites musicales au-delà du single de trois minutes et sa structure couplet-refrain. Les imaginations se libéraient, le jazz, le blues, le folk, le rock, la pop et le classique s'unissaient dans d'étranges brassages, explorant des territoires jusque-là inconnus.
Choisissons de citer les bons, qu'il est toujours agréable d'écouter, même sans la nostalgie : Free ("Wishing well"), Thin Lizzy ("Whiskey in the rar"), Mellow Candle, Hawkwind, Caravan (qui fut bon le temps de trois albums, pénible ensuite), Bond & Brown (Graham Bond et Pete Brown), Vinegar Joe, Uriah Heep, Wishbone Ash, Khan (!), Edgar Broughton....
Un autre titre de Wishbone Ash aurait pu convenir pour titrer cet excellent coffret : "Time was"...
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