Spaced out - The story of Mushroom Records (Second Hand, Simon Finn, Lol Coxhill, Chillum, Nitai Dasgupta, Callinan Flynn, Liverpool Fishermen, Tuesday's Children, Alexis Korner, Andromeda, Cherokees and more)
Monté en 1970 par Vic Keary et ses
potes, une bande de jeunes freaks londoniens entreprenants et curieux
de tout, Mushroom eut une vie assez courte : seize albums en tout et
pour tout et une poignée de Ep's, qui visaient aux quatre coins de
l'underground et de l'expérimental. Une sorte de petit frère
d'Island, sans doute moins commercial et sans surtout le savoir faire
marketing d'un Chris Blackwell. Mais comme Blackwell, Vic Keary,
avant de créer Mushroom, était un acteur important de la scène
reggae anglaise, amenant dans le pays Rico, Laurel Aitken, Prince
Buster...
En 1970, le catalogue Mushroom ressemble à un
kaléidoscope, la bande à Keary signant au seul coup de cœursif
(les dérangés de Second Hand), du jazz ardu (Lol Coxhill), du blues
anglais canal historique (Alexis Korner), des planeries
(Andromeda), du rhythm & blues bon teint (Oliver Bone), de la
sunshine pop (Carolines), du folk ultra-acide ou rongé à
l'os (l'extraordinaire maigreur psychédélique de "False
eyelashes" d'Andreas Thomopoulos et sa guimbarde) et même de la
musique indienne pour commencer, Pandit Kanwar Sain Trikha, un ami de
Ravi Shankar. Ce dernier, dont l'aura était énorme parmi le public
underground (il avait joué à Monterey en 67 et passait régulièrement
depuis aux Fillmore et Winterland de San Francisco) offrit même en douce
à Mushroom un morceau original pour les aider à décoller (qui ne
figure bien entendu pas dans cette rétrospective, faute de droit).
Autre époque, autres mœurs...
Pas mal des groupes mineurs de ces années-là ont souvent mal vieilli, c'est le cas ici. Mais cette rétrospective vaut par ses bonnes surprises excitantes. Ne pas se fier à la pochette,
particulièrement laide, tout juste bonne à un Hawkwind de
contrebande. Le label anglais Mushroom méritait beaucoup mieux
que ce moment d'égarement, cette faute de goût du label de
réédition Grapefruit, généralement irréprochable.
ANDREAS THOMOPOULOS False eyelashes (Audio seul 1971)