A few empty chairs

Conjoint

par Hugo Catherine le 23/03/2007

Note: 7.0    

"A few empty chairs" est très souvent chill, phrasé éparpillé, ambiance salon-bar racé. "Blue & white", en ouverture, nous annonce la couleur : vibraphone très nuancé, beat simpliste, chaloupements rappelant la bande-son de nos dernières séries érotiques. Conjoint sait correctement y faire avec son électro-jazz languissant, rien de révolutionnaire mais bien assez pour se laisser faire ?

A l'image de "Seven quarters", certaines compositions sont un peu longuettes : structure linéaire, ligne de basse constante, broderies mélodiques paresseuses, beat indécrottable. D'autres morceaux, au contraire, poussent l'hybridation jazz-électronique dans des contrées moins communes ("A few empty chairs" par exemple). De ce fait, Conjoint a le mérite de ne pas dépouiller la musique électronique de son essence : le quartet s'évertue à ne pas dissocier structure répétitive et exploration de la matière sonore elle-même et évite ainsi l'écueil de la vulgarisation facile. Il y a même parfois quelque chose de soyeux dans les interventions croisées du vibraphone et de la guitare, dans les rares apparitions de voix ou de clarinette basse, dans le feutre de la trompette. Pourtant, les petites escapades décousues-main ("Klangwolke", "Reserved-reserved"), les évasions oisives par ciel de traîne ("Conjoint clarity", "Loopholes in my lawn") et les digressions suspendues (Ruit silvermoon") ne nous charment pas complètement.

Voluptueux mais un peu plats, les paysages électro-acoustiques de cet album forment une musique plaisante mais sans supplément d'âme. Le risque est alors d'écouter "A few empty chairs" du bout de l'oreille. C'est peut-être déjà bien.