Acadie

Daniel Lanois

par Francois Branchon le 15/10/2009

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Still water
The maker


Le nom de Daniel Lanois évoque immédiatement une œuvre de producteur (Martha & the Muffins, Peter Gabriel, Brian Eno, Jon Hassell... les médiatiques "The unforgettable fire", "The Joshua tree" et "Achtung baby" de U2), une production facilement identifiable - son soigné et feutré et doux (certains diront "magie"). "Acadie", premier album sous son nom en 1989, révèle d'autres facettes, l'écriture, le chanteur, le musicien.

Cette année-là, Lanois s'installe à la Nouvelle-Orléans, dans une vieille maison qu'il transforme en studio (devenus depuis les Studios Kingsway), des murs qui fleurent le "vintage" et les amplis à lampes, le confort cossu et les atmosphères authentiques. C'est précisément entre ces murs-là, en cette même année et quasiment de front, qu'il produit "Yellow moon" des Neville Brothers et "Oh mercy" de Bob Dylan. Son "Acadie" va être le troisième larron d'une fameuse trilogie.

Les familiers du son "Joshua tree" de U2 (produit deux années plus tôt) ne seront pas dépaysés. "Still water" qui ouvre l'album sonne exactement comme "With ou without you" ou "I still havent't found what i'm looking for", même ingrédients, même recette et même douceur sophistiquée à l'arrivée, mêmes instruments en reverb-apesanteur et mêmes murmures de puissance sous-jacente. Ainsi en est-il de "The maker" (repris sur l'album de Willie Nelson "Teatro" en 1998), "The fisherman's daughter", "White mustang II", la reprise aérienne du standard "Amazing grace" chanté par Aaron Neville (initialement prévu pour l'album des Neville Bros) ou une "St Ann's gold" bourrée de reverb.

Ce n'est évidemment pas un hasard, amis et complices sont là : la rythmique de U2 (Larry Mullen Jr. et Adam Clayton, heureusement sans Bono), les frères Neville (Cyril, Art et Aaron), les frères Eno (Roger et Brian), quelques musiciens locaux et le multi-instrumentiste et ingénieur du son canadien Malcolm Burn, lui-même récent immigré à la Nouvelle-Orléans (et également présent sur les albums de Dylan et des Neville Bros).

Nouvelle-Orléans oblige, Lanois opère cependant quelques incursions acadiennes, en français québécois, "Jolie Louise" et son accordéon et ses rythmes zydeco - "O Marie" et sa seule guitare acoustique boisée, "Under a stormy sky", mais aussi des titres un peu plus sombres, du moins en surface, "Where the hawkwind kills" ou le presque pop "Ice".

La présente réédition 2009 propose en bonus les versions de travail de six des morceaux, et un livret très luxueux, tour du propriétaire de la maison-studio en collection de photos de nus illustrant chacune des pièces.