Bad miss M live

Danielle Dax

par Emmanuel Durocher le 23/01/2007

Note: 7.0    

Danielle Dax se définit comme une artiste totale : peintre, actrice (son seul rôle notable est une apparition lycanthrope dans "La compagnie des loups" de Neil Jordan) et surtout chanteuse et musicienne. Née en 1958, cette anglaise débarque sur la scène punk avec Karl Blake aux manettes des Lemon Kittens puis elle officie en solo tout au long des années 80, période pendant laquelle vont se succéder quatre albums : "Pop eyes" (1983), "Jesus egg that wept" (1984), "Inky bloaters" (1987) et "Blast the human flower" (1990).

Enregistré et filmé au Camden Palace Theater de Londres le 30 septembre 1985, ce live concerne la première moitié de la carrière de la chanteuse qui apparaît sur scène vêtue d'un long manteau doré et d'une sorte de pyjama bleu, arborant une chevelure abondante permanentée qui lui descend au ras des fesses, un maquillage expansif et de nombreuses breloques en tous genres ; elle est accompagnée par Steve Reeves (Guitare), Ian Sturgis (Basse) et Martin Watts (batterie) fagotés d'un mélange de couleurs à faire pâlir un daltonien et passer les New York Dolls pour une bande de mormons intégristes.

Le Dvd ne brille guère par son originalité : on se contentera le concert tel quel (avec une qualité d'image à la limite d'une bonne vieille VHS et quelques effets d'incrustation vintage qui apparaissent bien obsolètes aujourd'hui) auquel vient s'ajouter un peu de réclame pour le label Cherry Red (où l'on retrouve les excellents Chameleons ainsi que les sympathiques Gallon Drunk). L'intérêt est donc à porter sur la musique très axée sur la cold wave en vogue ("Ostrich", "Pariah") mais qui, sur de nombreux morceaux, tente la fusion différents styles du monde, ce qui était assez novateur quand on voit l'hermétisme de nombreuses formations à cette époque ; on voyage donc de l'Afrique à l'Inde en passant par l'orient fantasmé ("Sleep has no property"), le Japon et même les Etats-Unis (c'est là que ça coince avec le pénible "Yummer yummer man" et l'insupportable "Bad miss M" à tendance country qu'il faut avoir du courage pour écouter jusqu'au bout – manque de pot – ce titre se retrouve une deuxième fois en rappel !), on ajoute une touche post-punk avec "Up in arms" du répertoire des Lemon Kittens, de gothique expérimental un peu grotesque avec "Tower of lies" et une très belle chanson a capella avec "Numb companions".

Danielle Dax occupe la scène avec sa voix qui joue un peu avec les graves et beaucoup avec les aigus (on se prend à penser à Klaus Nomi) et grâce à un charisme évident en ne ménageant pas des gestes amples pour rajouter une petite couche de mysticisme, les musiciens s'appliquent et le public applaudit poliment entre chaque chansons (on a vu plus déchaîné à l'époque – aux concerts des Smiths par exemple). Il n'empêche que ce Dvd est une découverte intéressante mais on ne retiendra pas le décor confectionné par la chanteuse (mélange de tapisserie de chez grand-mère avec le catalogue de Pier import), quand on sait que depuis une dizaine d'années l'anglaise est devenue décoratrice d'intérieur, on se passera peut-être de ses services.