Pour leur premier disque produit par Robin Proper-Shepard
(des élégants Sophia), Dark Captain Light Captain (DCLC) parviennent à réaliser
une pop-folk prenante, sans âge et pourtant très moderne.
Tout "Miracle kicker" tient sur l'équilibre
fragile entre présence et dissolution. DCLC construit ses titres autour des
guitares acoustiques étroitement imbriquées de Dan Carney et Giles Littleford :
leurs arpèges cristallins sont bouclés et se répondent avec une rigueur quasi
mathématique. Leurs voix blanches, nimbées d'écho, renforcent cette impression
de sentiments et d'affects tenus à distance. Pourtant, les cordes sont pincées
avec conviction, et la batterie inventive de Chin, parfois augmentée d'effets
électroniques là encore parfaitement en place, crée une tension rythmique en
constant changement ; les cuivres discrets de Laura Copsey réchauffent et
humanisent la palette de couleurs ("Robot command centre"). A la fois
immobile et mouvante, la vertu hypnotique de la musique de DCLC ne faiblit à
aucun moment (sauf une légère redite avec "Speak" et
"Spontaneous combustion" aux trois quarts du disque). Sur les titres
plus posés ("Remote view", "Everyone we know"), DCLC
enfonce sur leur terrain les tentatives trop timides des Kings Of Convenience
ou The Notwist. La qualité de "Miracle kicker" ne tient pas qu'au
savoir-faire de Proper-Shepard : le groupe sait aussi créer de la profondeur en
utilisant peu d'éléments, juste une voix grave en renfort sous le chant
principal, et quelques notes de basse placées au bon endroit (Questions",
"Miracle kicker").
"Miracle kicker" installe son ambiance, apaisante
et contemplative, toute en pulsations. Un disque enveloppant, qui s'apprécie de
l'intérieur.
DARK CAPTAIN LIGHT CAPTAIN Jealous Enemies (Clip 2008)