White ladder

David Gray

par Francois Branchon le 30/10/2000

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Say hello, wave goodbye
We're not right


Une chanson a parfois suffisamment de caractère et de force, pour changer de forme et de style sans rien perdre de sa puissance émotionnelle. Ainsi, la grande "Say hello, wave goodbye", longue et lascive complainte écrite et chantée par Marc Almond avec Soft Cell en 1980, semblait à jamais associée à l'atmosphère cabaret allemand années trente et à l'image d'un Almond provocateur qui en rajoutait dans la décadence et la dose de souffre (le clip avec ses mecs se roulant des pelles, grande première sur les écrans de TV Thatcher!). Et puis voici David Gray, anglais rêvant d'Amérique, disciple affectif de Van Morrison (irlandais fasciné lui aussi d'Amérique), qui la reprend, l'allonge, la trame de rythmiques américaines, l'installe sur des guitares acoustiques galopantes, la chante comme Van pourrait la chanter, y incluant même deux citations de "Into the mystic" et "Madame George", tirées de "Astral weeks" du maître. Et elle devient chef d'oeuvre d'americana, à la guitare acoustique rythmique pulsante, donnant séance tenante envie de prendre la bagnole et descendre une highway le coude à la portière ! Transfigurée, mais toujours aussi belle, le même caractère sous un masque différent. La deuxième vie de "Say hello, wave goodbye" justifie à elle seule l'achat de "White ladder", album qui s'écoute avec le temps et peut atteindre d'autres belles hauteurs ("We're not right"), d'un type qui a du coeur, au lyrisme doux-amer. David Gray ne quittera probablement jamais les coulisses du succès, mais il est est à découvrir, à l'image d'un Greg Brown il y a quelques années.