Dead BeeS on a CakE

David Sylvian

par Francois Branchon le 01/06/1999

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Krishna blue
Dobro


Peu importe que l'on ait aimé ou pas le rock sophistiqué de Japan, groupe dandy des années quatre-vingt anglaises : la voix basse de son chanteur David Sylvian comme ses troublantes chansons ("Night porters"..) ont laissé sur le cœur d'indélébiles traces, fussent elles sombres.

David Sylvian a depuis longtemps quitté l'Angleterre, abandonné tout culte de l'apparence et continue, dans le relatif anonymat de San Francisco, de collaborer avec d'autres têtes chercheuses, entre autres le (parfois) vaguement prise de tête Robert Fripp. Avec "Dead BeeS on a CakE", un palier a été franchi : sa musique exprime aujourd'hui une lumineuse sérénité inconnue jusqu'ici. Ses structures sont devenues souples et déliées et la voix, toujours aussi enveloppante et pleine de charme trouble, plane au-dessus d'un univers musical où le trip hop se faufile souvent au premier rang, grâce à des samples utilisés avec discernement. Elle est surtout grandiosement arrangée par le stylé japonais Ryûichi Sakamoto, acteur avec Bowie et Kitano dans "Furyo", mais surtout musicien raffiné s'il en est.

Préposés aux couleurs et aux saveurs, la guitare de Marc Ribot, les tablas de Talvin Singh, la batterie de Steve Jansen (de feu Japan) et les cuivres de Kenny Wheeler créent de superbes climats méditatifs et orientalisants. Un album extrêmement riche, combinant l'ambient d'un Brian Eno ("Alphabet angel"), le groove soul d'un Massive Attack ("Café Europa") et la plénitude d'un Miles Davis, allant même jusqu'à frôler le blues hypnotique ("Dobro").
David Sylvian rejoint les grands noms de cette année (Pharoah Sanders, Bill Laswell, Dave Holland...), qui ont su imprégner leurs créations d'assez de spiritualité pour les rendre évidentes, limpides et frôler les rivages de l'âme. NB : Qu'attend Virgin pour rééditer "Bamboo houses", la première des collaborations entre David Sylvian et Ryûichi Sakamoto ?!