Please describe yourself

Dogs Die in Hot Cars

par Jérôme Florio le 25/11/2004

Note: 7.0    

"Please describe yourself" : il n'y a que l'apparence qui compte dans le monde de Craig Macintosh et ses Dogs Die in Hot Cars. Même le nom du groupe est de surface, mais une dégaine aussi superficielle a forcément quelque chose à cacher. Et ce qu'on trouve est plutôt addictif.

La musique des Ecossais affiche un hédonisme fièrement assumé : depuis quand n'avait-on pas entendu chanter de manière aussi mélodique et maniérée ? Kevin Rowlands des Dexy's Midnight Runners ? Il faut bien remonter de vingt ans en arrière pour décrire le son du groupe – même si eux s'en défendent. Ce n'est pas par hasard que l'on retouve Clive Langer & Alan Winstanley derrière la console, deux vieux briscards créateurs du son de Madness (mais aussi producteurs d'Elvis Costello, des Dexy's, Morrissey…). "I love you 'cause I have to", le premier single du groupe, concentre ironie mordante, rythme ska, et la préciosité synthétique des Associates. Le disque est mené grand train, sans temps mort, et sans que l'on ait envie de zapper le moindre titre. Un carambolage énergique qui fait danser les Talking Heads ("Godhopping") au son de la pop euphorique d'XTC ("Apples & oranges" et son chant proche d'Andy Partridge). Mais toute cette poudre aux yeux sert de véhicule bien gaulé à des tonnes de frustration.

Le mot "cool" revient très souvent dans les textes de Craig Macintosh : toujours dans l'ambiguïté, on ne sait jamais si c'est par moquerie ou s'il revendique une manière de vivre ultra-stylée (le manifeste "Lounger", "Pastimes & lifestyles"). Tout ce côté looké n'est que le cache-misère d'une réalité autrement moins glamour, dans laquelle on est réduit à fantasmer sur des aventures avec les stars de papier glacé ("Celebrity sanctum", la futile "Paul Newman's eyes"). Les Dogs Die in Hot Cars confectionnent des petits hymnes pressés pour danser et oublier la grisaille de la vie ordinaire : celle à laquelle on destine depuis l'école (la presque mélancolique "Somewhat off the way"), et à laquelle on essaye d'échapper en poussant l'artificialité à l'extrême. Ce faisant, Craig Macintosh tend à lui-même et à ses personnages un miroir qui leur renvoie des reflets sans concessions.

Sur "Glimpse at the good life" Macintosh décrit avec ironie la vie saine, équilibrée, qu'il sait interdite à tous les freaks condamnés à parader dans la plus grande vanité. Pour ce disque en tout cas, on danse avec eux.