Gold in the ashes

Elias Dris

par Jérôme Florio le 01/07/2017

Note: 8.0    

"Où sont mes racines, Nashville ou Belleville ?" chantait Eddy Mitchell en 1984 : né dix ans plus tard en banlieue parisienne, Elias Dris répond clairement à la question sur son premier disque.

On dispose de peu d’éléments biographiques sur Elias. Passionné très tôt par la musique folk et la contre-culture américaine, il s’est tout d’abord destiné vers une vie d’artiste en suivant des études de théâtre et en intégrant plusieurs compagnies. Les événements qui ont présidé à la sortie de "Gold in the ashes" semblent s’être déroulés avec simplicité – voire facilité : le départ pour les Etats-Unis et l’écriture à Los Angeles, le contact avec Tom Menig (producteur et père de Alela Diane) et l’invitation de ce dernier à enregistrer en quelques jours dans son studio californien.

A l’opposé de jeunes gens qui sonnent déjà comme des vétérans (exemple : les Lemon Twigs), la production parcimonieuse et aérée de Tom Menig laisse bien voir l’ossature et l’intention originale des chansons qui l’ont décidé à travailler avec Elias. Une rythmique sur les titres mid-tempo, des arrangements électriques (guitares, pedal steel) ou acoustiques (banjo ou mandoline…) suffisent à donner de l’envergure à des chansons à l’écriture encore tendre, que l’on imagine bien prendre forme dans la solitude d’une chambre, peut-être avec vue sur l’océan Pacifique – effet magique de l’americana.

Elias Dris délivre de sa voix presque androgyne une interprétation naturelle, sans effort apparent. Son "I don’t give a fuck" n’est pas un brûlot anarchiste mais un appel de la poésie, des grands extrêmes ("Eros & Thanatos") que l’on ressent plus fort à son âge. Malgré ses atours country-folk d’un classicisme intemporel, "Gold in the ashes" est bien une œuvre de jeunesse, avec tout le flou que cela implique ; comme Verlaine décrivant Arthur Rimbaud, Elias est pour l’heure un jeune homme aux semelles de vent.



ELIAS DRIS Eros & Thanatos