Et le monde sera meilleur...

Enhancer

par Oli le 17/12/2000

Note: 6.0    

Le premier mot qui vient à l'esprit en balançant le skeud d'Enhancer dans le lecteur (et non dans le secteur) c'est "ENFIN !" parce que s'il y a un album attendu depuis longtemps, c'est bien celui-là !!! Les facilités financières à produire un disque en France font qu'il aura fallu tout ce temps aux Enhancer pour y parvenir. Cela fait plus d'un an que les morceaux sont prêts ! Entre temps et pour le faire passer, les instigateurs de Nowhere ont peaufiné la bête et ont enregistré d'autres titres. Notamment au studio Twin à Paris, un studio spécialisé dans le rap, alors que les premiers morceaux ont été enregistré à l'Impuls par Stephan Kramer, un maître du métal. Cela résume l'esprit d'Enhancer, le mélange, la fusion, le résultat c'est 19 titres "rap-métal". Enfin les 19 pistes sur le Cd ne font pas 19 morceaux, vu la présence de 3 "Internul" qui font office de transition (du blabla ragga avec un petit fond de boite à rythmes, un délire très court et un joyeux bordel avec un synthé bontempi ressorti du grenier). On rangera également "Eda" au rayon de ces interludes (pas si nuls) qui servent d'intro aux morceaux. A ces quelques pistes, on rajoute aussi le très chaud "Vost" où sur une basse, quelques accords au piano et une rythmique syncopée, s'entrechoquent des gémissements compréhensibles dans toutes les langues... Et tant qu'on y est mettons dans le même panier l' "Intro" qui donne le ton de l'album, une petite voix toute gentille chante une petite chanson, on s'attendrit et BING, ça tombe, des cris d'horreur et de gros riffs sanglants font exploser les enceintes, pas de repos, pas de répit, Enhancer "Trace" la route. Une voix trafiquée (genre Pérusse) se balade jusqu'au gros refrain de service, ça pulse à mort et bang : break avec des petites notes de gratte et un flow hip-hop pour des paroles difficiles à suivre tant le récit change tout le temps de direction (pour semer les contrôleurs ?). C'est donc parti et sur les chapeaux de roue. C'est comme ça, on croit qu'il ne se passe rien, qu'on est tranquilles et puis le déluge s'abat sur nos frêles oreilles... Enhancer dit mélanger rap et métal mais c'est surtout du métal quand même... Le problème de cet album survient avec "Foutage de gueule" qui n'est que rap, largement influencé par Nique Ta Mère et consorts. Je ne kiffe pas ce genre de trucs, les zicos ont presque disparu, restent les chanteurs et un batteur boîte à rythmes, c'est très fade, le métal est passé à la trappe... Heureusement, c'est le seul titre 100 % rap de l'album, il y en a deux autres très orientés 9.3 aussi, ce sont "Kids", sorte d'hymne à la Nowhere assez spécial et bizarre, et "Et le monde sera meilleur..." qui même s'il est marrant est assez chiant. Je préfère le son lourd des grattes qui arrachent tout au haut débit des paroles sur fond sonore, et avec les "On the road again", "Contrôle pas" ou "Sex skunk skate squat" on est plus que bien servis. Là, les rythmes sont savamment étudiés pour tout casser, faire jumper les foules et leur faire hurler les paroles. Les breaks rappés passent comme une lettre à la poste tant les cascades de riffs qui les suivent sont énormes ! Avec "Nefast", on tombe même dans le gros chaudron métal avec beaucoup d'effets sur les guitares, un leitmotiv KoRnique qui traîne et finalement des trucs qui tombent de partout, comme si le ciel nous tombait sur la tête ! Au milieu de tout ça, on retrouve aussi une "TN", un morceau traditionnellement dédié à la Team Nowhere, très mélodique, les paroles placent tous les membres de la fine équipe en situation, encore un hymne pour les kids... S'enchaîne "Badtrip" qui installe une ambiance calme mais peu rassurante, le phrasé rap se met en branle puis ça part en vrille dans les aigus, le chant devient incompréhensible, incontrôlable. Un sombre délire qui n'a rien à voir avec le "Sporte toi bien" qui lui délire grave avec des paroles hilarantes. Ca part dans tous les sens de Poelvoorde à Chantal Goya "Qui dit vin dit pot-de-vins, haut les mains, peau de lapin, enlève moi ce putain de maillot de bain si tu veux pas finir dans le ravin", c'est nawak (n'importe quoi), le dico des rimes est resté au placard, c'est le nouveau son qui va faire jumper les kids sur des non sens absolus. Enhancer s'amuse, se sent bien et ne se prend surtout pas la tête ! La preuve, s'il en fallait une, c'est "Glock II" où le sample balance des nappes de chants grégoriens couvertes par de lourdes platrées de riffs gras. Enfin, je terminerais par le meilleur, le hit absolu, le "Hardcore version dancefloor" qui résume bien le bordel Enhancer : des gros riffs, des paroles déballées à 100 à l'heure, des breaks bien sentis, une rythmique diabolique et une envie de prendre du bon temps sur la piste de danse. Voilà, pour réussir vos boums, foutez du Enhancer. A fond !!!