Sans souci

Eric Longsworth

par Sophie Chambon le 16/08/2004

Note: 8.0    

"Sans souci" sert dans une instrumentation insolite (accordéon, violoncelle électrifié, accordina, percussions) folk, blues, tango et musiques actuelles. Il émane de ce disque une résonance particulière, des sonorités inhabituelles qui ne riment pas toujours avec le jazz, si ce n'est dans la démarche d'improvisation.

Le résultat est une musique sensible que colore un imaginaire ludique : des pièces à l'évidence mélodieuses, autant qu'insidieuses, installent un climat (souligné par le chant fredonné) de comptines enfantines faussement naïves, mais toujours tendres. Jouant du violoncelle comme d'une guitare, d'une basse ou même comme d'un instrument de percussion, Eric Longworth exploite certaines possibilités de l'électrique, inaudibles sinon. Quant à l'accordéoniste Daniel Mille, il continue d'adopter le pas ample et souple du promeneur plutôt que le rythme de l'homme pressé. Il cherche autrement, et si on ne peut s'empêcher d'évoquer Michel Portal ou Richard Galliano, il tente de se frayer une voie bien à lui, même si elle est moins lumineuse.

Musique d'entre deux, de lisière. "Entre chien et loup" était déjà un disque d'atmosphère, tout en nuances et en demi-teintes. Des nuages passent dans notre ciel, le violoncelle sérieux et l'accordéon mélancolique s'unissent à la batterie structurante du Canadien Pierre Tanguay. Comme si tous trois cheminaient le temps de l'album en confrontant leurs souvenirs. On se plaît alors à partager avec eux cette nostalgie…