You are all from somewhere else

Exploding Star Orchestra

par Hugo Catherine le 23/03/2007

Note: 9.0    

"We are all from somewhere else" a une putain d'énergie. Avec "Sting ray and the beginning of time part 1", l'entrée en matière est très pêchue. Echappée belle de la flûte et solo de trompette sur une rythmique incassable, une batterie dans chaque oreille, une basse grasse, un marimba scandant un groove à tue-tête, l'Exploding Star Orchestra est un gros monstre fougueux, avec ses mélodies arabisantes, une tuerie. Au tournant des quatre premières minutes, une respiration de silence pointe le bout de son nez avant une modulation rythmique bien bandante, le soutien des percussions et des cuivres est toujours aussi infaillible. Au bout de six minutes, voici le retour sur nos pieds avec la réapparition de la mélodie introductive. Après neuf minutes, la machine se relance, toujours et encore, le vibraphone traçant la voie, les autres instruments s'ajoutant par couches successives dans un grand élan circulaire virant free. C'est un grand plaisir de se frotter à toutes ces festivités, empruntant au courant jazz façon M'base, mais ne jouant jamais les effarouchées devant les saturations rockeuses et les roulements rageurs.

"Sting Ray and the beginning of time" se poursuit dans ses parties 2, 3 et 4, alternant les phases solaires et lunaires. Si l'auditeur peut être plus facilement désarçonné face à des séquences plus expérimentales, qui fichent un peu la frousse, les sonorités ténébreuses ne font que répondre à la gaieté des compositions si souvent assumée. L'unité de "Sting ray and the beginning ot time" tient à ce que chaque partie est l'expression d'une exultation tantôt douloureuse tantôt apaisante : c'est un mix acoustique avec ses refrains, ses virées solitaires, ses pulsions soudaines, un jazz mi-gai mi-épopée, avec même quelques bizarreries électroniques ; que demande le peuple - si ce n'est une prise de son perfectible ?

Après cela, "Cosmic tones for sleep walking lovers" nous la joue à l'envers : d'abord l'orchestre très free, ses solos superposés, sa puissante densité, sa célérité débridée ; ensuite l'émergence progressive d'une structure, fanfaronnée sans respiration jusqu'à l'évanouissement, la tête qui tourne, les jambes chancelant. Une fois la tempête aplanie, les musiciens peuvent relancer la danse avec de faux airs de "Cantaloupe Island" décéléré. Ainsi, la partie 3 de "Cosmic tones for sleep walking lovers" est très posée, moins rêveuse. Mais le songe reprend vite le dessus dans la partie finale, alliant, dans une lente traversée trans-atmosphérique, mélodies flûtées aérées et avancées rythmiques appuyées.

Au milieu de ce boxon éthéré, le solo de piano "Black sun" est un peu perdu mais très salvateur, d'une grande clarté : un fin rayon de soleil au beau milieu d'une étoile déferlante.