Spazio

Fabio Viscogliosi

par Olivier Santraine le 21/02/2002

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Catch a wave
Quasi nello spazio


D'abord les présentations. Fabio Viscogliosi est un artiste italien (on s'en serait douté) multi-cartes, dessinateur de BD reconnu (travaillant pour les têtes chercheuses de l'Association ou des Éditions Cornelius, voire pour Le Monde, s'il vous plaît) ainsi qu'un musicien émérite. Les fidèles des Married Monk ou de Yann Tiersen ont déjà croisé sa silhouette sur la scène ou même à l'écriture ("Rocky", "Tout est calme") et c'est un multi-instrumentiste doué, comme il le prouve sur "Spazio" (une dizaine d'instruments maîtrisés ici). Ce disque est envoûtant, il est difficile d'en parler en citant des titres. Placé dans la platine, c'est de l'encens qui se répand, une fragrance enivrante qui transporte dans un univers poétique, entre Lewis Caroll et un documentaire sur les steppes martiennes de Ray Bradbury. Tout va bien, les paysages sont si sereins mais quelque chose coince derrière, comme une mécanique rouillée ou une plante qui vous dévisage. On fréquente des terres jonchées de débris de sons, de pianos minimalistes, de mélodies mélancoliquement chantées en italien. "Pommerrigio" par exemple, un instrumental aquatique sur des sonorités espagnoles sous Tranxen, Labradford reprenant une samba. Ou encore, "Apache" des Shadows, joué par un Brian Eno à la fois sous tranquillisant et sous acide. L'ambiance générale hésite entre calme avant la tempête et silence après la bataille, la sérénité malsaine donc. Mention très bien pour "Quasi nello spazio", une pop-song tranquille sur un piano minimaliste et presque bucolique envahie de bruits mutants. Un disque de solitaire noctambule, pour les fans de musique atmosphérique qui n'ont pas envie de retourner à la réalité.