La chanteuse canadienne Feist nous
revient après une longue absence : on avait beaucoup accroché à
"Metals" (2011). "Pleasure" est en conséquence
très long (53 minutes) et plutôt pas facile d'accès. Son côté
expérimental et "lâcher-prise", qui varie les intensités
et les ruptures au sein d'une chanson sans laisser s'installer une
structure définie, court le risque de déstabiliser l'auditeur en
permanence. Feist joue de sa jolie voix comme un instrument, rendant
le sens des paroles accessoire. Dans un rythme globalement lent,
quelques tentatives de hausser le ton la font sonner comme la PJ
Harvey des débuts (lo-fi, guitares graillonneuses). Certains
trouveront cela stimulant et osé artistiquement, d'autres dont je
suis passablement en roue libre et ennuyeux – comme si on
dérangeait la fine équipe au travail (les fidèles Renaud Létang /
Gonzales à la réalisation).