| | | par Emmanuel Durocher le 31/08/2007
| Morceaux qui Tuent The water Brandy Alexander I fell it all
| |
| D'abord il y a une voix, sachant se faire tour à tour aussi délicate et puissante que celles de Kate Bush et Björk, fragile et angoissée comme celle de Catpower ou presque plus grinçante et voilée que celle de Cocorosie.
Ensuite un esprit, couvrant de larges horizons, passerelles entre le folk et le jazz et des connexions avec la pop, la soul et le rock, une ouverture déjà rencontrée chez cette Canadienne, sur ses précédents albums ou lors de ses nombreuses collaborations (avec Broken Social Scene, Peaches, Kings of Convenience ou Mocky et Gonzales, comparses de toujours qui complètent le casting impeccable de "The reminder").
Enfin une sensibilité douce qui se perd à travers une certaine indolence et quelques superbes chansons impressionnistes à fleur de peau et à cur ouvert, enregistrées dans une maison du Val d'Oise. Ambiances feutrées ("So sorry"), ballades bucoliques et dépouillées ("The park", "The water"), élégance sobre ("1234", "How my heart behaves" en duo avec Erlend Glamber Oye, moitié des Kings of Convenience) ou encore le superbe et lambchopien "Brandy Alexander" où la voix, le piano et la basse se télescopent de manière tellement discrète qu'ils parviennent à créer des déflagrations sonores inattendues.
Le rythme est le plus souvent langoureux et envoûtant mais il peut aussi surprendre (l'intro dissonante et velvetienne de "The limit to your love" qui prend l'auditeur à contrepied), s'accélérer ("Past in present", "I feel it all"), ou senvoler dans le lyrisme ("Intuition", "My moon, my man" qui, grâce aux piano persistantet détraqué de Gonzales et une guitare crépusculaire à la limite de la new wave donnent un aspect presque décalé à ce titre). En revanche, la reprise de "Sealion", chanson traditionnelle déjà au répertoire de Nina Simone, séduit beaucoup moins.
Puis un regret, celui d'être passé à côté de "Let it die", le disque qui révéla la chanteuse à un large public, un effet de mode décourageant et un single agaçant ("Mushaboom")... Comme quoi, il est parfois possible de rattraper le temps perdu. |
|
|