Echelons

For Against

par Emmanuel Durocher le 14/06/2005

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Shine
Echelons


Première écoute, étonnement, joie ; ça y est, on a retrouvé une petite perle new-wave inconnue sûrement enregistrée vers 1979 entre Manchester et Londres, on peut ressortir la panoplie de corbeau et aller danser dans les joyeuses brumes d'une zone industrielle ou bien portuaire… Puis l'effervescence passée, on se rend compte qu'on n'a plus dix-sept ans et qu'on risque d'être cent fois plus ridicule qu'à l'époque, alors autant chercher à se renseigner sur ce groupe. Et on a tout faux : les For Against sont originaires de Lincoln dans le Nebraska, région pas particulièrement réputée pour sa musique à la froideur mélancolique, et "Echelons" leur premier album date de 1986, période de déclin de ce style musical (le label Words on Music avait déjà exhumé "Coalesced", autre album du groupe mais postérieur à celui-ci).

A l'évidence, la pilule aura du mal à passer pour qui n'a pas carburé à la cold-wave à l'époque, tant l'ensemble ressemble à un melting-pot musical de ce qui a pu se faire au tournant des années 80 : Les guitares cristallines et aériennes de Cure période "Seventeen seconds" et "Pornography", la basse "hookienne" du premier New Order, le synthé des Sisters of Mercy ( en particulier sur "Daylight" ) et pour clore le tout, un batteur qui a appris son instrument en s'entraînant sur les intros de Joy Division ("Echelons" = "Atrocity exhibitions", "Autocrat" = "She's lost control" et "Forget who you are" = "Atmosphere" il faut s'amuser à comparer). Cela n'empêche pas cependant l'ensemble de sonner comme un autre très bon groupe plus ou moins oublié, les Chameleons, et on peut se demander si cet album n'avait pas eu un peu d'écho en France car il s'apparente très fortement à un mouvement (très) éphémère né vers la fin des années 80 : la "Touching pop" (j'ai pas dit French touch !) porté notamment par Little Nemo ou Asylum Party.

Evidemment, certains verront dans tout cela des qualités et d'autres des défauts mais hors la séquence nostalgie, les neuf morceaux montrent quand même des compositions simples mais efficaces qui ne s'encombrent pas de longueur (l'album dure moins de quarante minutes) et sorti du contexte new-wave, on obtient des très bons titres pop (comme le premier "Shine") pleins de fraîcheur, de candeur et habillés par la voix presque juvénile du chanteur.