Songs from the last century

George Michael

par Francois Branchon le 12/12/1999

Note: 5.0    
Morceaux qui Tuent
Roxanne


George Michael ? L'ancien chanteur de l'épouvantable groupe Wham ? Le dandy simili des Ginette Babylone post pubères ? En personne ! Mais différent, apaisé semble-t-il par un coming out "impromptu", clippé par la suite avec beaucoup d'humour. Il en est presque sorti régénéré le roi des couvertures de magazines, comme éclôt d'une deuxième naissance. Le George Michael nouveau jouerait le crooner, croyant avoir en mains deux atouts : sa voix et un répertoire. Concernant ce dernier, ces "chansons du siècle" puisent plutôt dans le vieux, voire le très vieux : "Where or when" est par exemple tiré de la comédie musicale "Babes in arms" écrite pour Judy Garland et Mickey Rooney à Broadway en 1937 et "I remember you" (connu par la version de l'australien Frank Ifield en 1962) vient d'un spectacle de la Paramount ("The Fleet's in") de 1942. Reste la voix : las, l'interprétation reste inexorablement plate et uniforme, au ras du sol et même le vétéran producteur Phil Ramone, pourtant expert en mise en orbite de poids lourds (Frank Sinatra, Ella Fitzgerald, Barbara Streisand, Billy Joel, Phoebe Snow...) ne parvient pas à lui donner la moindre élévation. George Michael donne l'impression d'être vautré dans le canapé du salon, sans autre perspective excitante que les programmes Tv de l'après-midi. A une seule occasion, avec la "Roxanne" de Police verre de cocktail en main, la voix est enveloppante, douce et androgyne, atteignant le ton de confidence à l'oreille qui convient. Seulement bien des chansons ici reprises appellent un autre registre : lorsque Bing Cosby chante en 1932 "Brother, can you spare a dime", c'est à l'Amérique de la Grande Dépression qu'il s'adresse, pas à un boudoir à l'heure du thé ! Quand Julie London s'attaque à "You've changed", c'est un flot de volupté qui dévale et emporte ! Quand David Bowie sur son album "Station to station" s'empare du thème de "Wild is the wind", c'est avec une classe naturelle qui ne s'acquiert pas et enfin, si "The first time ever i saw your face" montre une réelle sensibilité, Roberta Flack en a en 1969 interprété la version définitive. Une collection de dix chansons (plus un instrumental de Cole Porter caché), luxueusement produite et arrangée, mais ratant complètement sa cible.