Des voyages dans des pays exotiques, de belles couleurs dans des soleils couchants, des filles qui dansent en tenues légères pendant que l’on sirote un cocktail… C’est un peu cliché, non ? Bien sûr, mais c’est un décor, les éléments sont en carton-pâte, les lumières sont artificielles… Tout est faux, mais c’est un faux qui fait vrai, comme dans un film de Michel Gondry ("La science des rêves").
Dans le décor, il y a des personnages, des figurants, les musiciens qui sont aussi des personnages, et le chanteur avec sa guitare, comme un conteur qui nous emmène en ballade. Ce sont parfois des souvenirs, ce sont parfois des rêves. Et tout ce petit monde s’affaire à faire vivre les histoires comme si elles étaient vraies, même si ce n’est que dans l’imaginaire qu’elles sont vraies…
On reste, avec Gilbert Lafaille, dans un univers fait pour les enfants par un cœur d’enfant. Tout cela est comme un jeu, qui peut être amusant, ou tendre et délicat comme une romance amoureuse ; mais qui peut être plus difficile, comme la vie, comme le monde dans lequel nous vivons et qui parfois ne fait pas de cadeau. Et le conteur réussit cet exercice, de parler des choses sérieuses avec des mots simples, des images accessibles même aux enfants. Des chansons naïves, en apparence, qui charment par leur sincérité et leur lucidité toujours souriante, même quand elle est un peu triste et qu’elle a les larmes aux yeux.
Nous sommes aussi, avec Lafaille, dans une époque qui semble aujourd’hui révolue, cette fin de siècle où notre monde aussi en était à ses beaux débuts et semblait pouvoir encore tenir ses promesses…
Et nous conclurons là-dessus : c’est peut-être l’une des caractéristiques de notre temps – pas seulement de notre temps, mais c’est un phénomène que nous pouvons observer – que les imposteurs qui occupèrent pendant des décennies le devant de la scène médiatico-culturelle française semblent balayés par les soudaines bourrasques que fait souffler l’histoire, et que dans les vestiges apparaissent les visages et les voix de ceux que la rumeur aura laissé de côté, mais qui sont peut-être ceux dont on souviendra demain, après que la tempête sera passée et que le temps aura fait le tri.
Gilbert Lafaille sans aucun doute est de ces visages et de ces voix, et c’est tout l’honneur d’EPM Musique que de participer à cet ouvrage.
GILBERT LAFAILLE Le président et léléphant (Audio seul 1977)
GILBERT LAFAILLE Interrogations écrites (Audio seul 1978)