(((Air)))

Giovanni Mirabassi

par Sophie Chambon le 05/11/2003

Note: 9.0    

Deux Italiens et un Américain à Paris forment un de ces trios étonnants qui ne manquent pas d'air ni de brio assurément. Belle idée que d'avoir songé à réunir ces trois musiciens dans un disque d'atmosphère, romantique, nostalgique et un rien mélancolique. Ils imposent doucement leur manière énergique, lyrique et narrative : une réussite exemplaire du souffle et de l'esprit s'exprime dans les compositions du jeune pianiste Giovanni Mirabassi. Après "Avanti", sa reprise très appréciée de chants révolutionnaires, il s'aventure résolument sur un versant plus intimiste, en compagnie de deux orfèvres Flavio Boltro à la trompette et au bugle et Glenn Ferris au trombone. Quand trompette et trombone s'unissent délicatement, le jazz exulte comme dans le thème d'ouverture : joie de ce jaillissement, saveur des contrechants, dialogue exalté des souffleurs dans lequel le pianiste se glisse en douceur. Chacun chante et accompagne à son tour, accord parfait d'un trio sans batterie ni contrebasse. Un des "tubes" de cet album pourrait être cette valse entraînante et sentimentale "des jours meilleurs" où le trombone susurre à notre oreille et à notre cœur. A moins que ce ne soit ce "Mata Hari" très doux sur lequel le trombone de Ferris râle de plaisir, s'entrelace à la trompette de Boltro au point de ne former plus qu' "un seul tube à coulisse et pistons" selon la très juste expression de Philippe Carles.

De l'émotion, des mélodies simplement entraînantes qui contactent irrémédiablement, des voix tressées, un chant pluriel, des résonances de toujours. On retrouve la "sensibilità" de Giovanni, à fleur de touche. Mirabassi est toujours celui que l'on aime et attend. Rendez-vous est donc pris.