Zero to infinity

Gong

par Francois Branchon le 08/03/2000

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Magdalene
The invisible temple
Wise man in your heart
Infinitea


Gong est toujours vivant ! Quelques apparitions ici et là l'attestaient, mais ressemblaient à la livraison ponctuelle de concerts-nostalgie pour tous les anciens des communautés drômoises de 1971. Manquait un bien vivant nouvel album pour rassurer sur sa créativité. Les dégaines de l'an 2000 se décalquent de celles des années "camembert", certes la malice cosmico-baba de David Allen et de Gilly Smith est là, avec les mêmes longs cheveux - blancs - mais le foin, les fourches et les clapiers à lapins de la communauté ont disparu. Gong cache à merveille son jeu musical, car derrière l'apparence "space" de druides intergalactiques, vit une musique élaborée, soignée et en tous points "contrôlée", à mille lieux des foutoirs abracadabrants d'antan. "Zero to infinity" est le cinquième épisode des aventures de Zero The Hero après "Flying teapot", "Angel's egg", "You" et "Shapeshifter". Les ingrédients - pop progressive, jazz, trip-hop, ambient - sont mis en œuvre avec précision et survolés de vocaux souvent enjoués, toujours légers. Sans douter un seul instant que la pratique du pétard céleste soit toujours le genre de la maison, la traduction musicale des bouffées prend la forme d'une mécanique de précision huilée, sans fausse note ni dérapage, aux vocaux sans décalage. "Zero to infinity" est un long beat souple, une suite de morceaux à la béatitude rythmique quelquefois extatique, rarement contrariée par une brisure de rythme, où les dialogues de cuivres occupent la place de choix et sont une pure merveille (excellent ce Theo Travis saxophoniste ! ). Gong fut le rejeton hybride pataphysico-déconnant de Soft Machine et Zappa, dont le moteur s'appelait plaisir et joie de jouer. Il s'avance aujourd'hui en horloger de Saint David fier de sa mécanique de précision. Mais peu importe le changement de forme, le fond reste et ils ont gardé leur âme complice.