Mobilize

Grant-Lee Phillips

par Chtif le 01/06/2006

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Mobilize
See America


Exit le bassiste-producteur Paul Kimble, exit aussi le batteur Joey Peter, à partir de 2001 Grant-Lee Phillips se la joue solo. Même si cette nouvelle avait passablement refroidi nombre d'adorateurs de la grande époque du Grant Lee Buffalo, il ne fallait pas pour autant cracher les oreilles fermées sur ces premiers efforts en solo, le mini LP "Ladie's love oracle" puis ce premier album "Mobilize".

D'autant plus que quand Grant Lee dit "solo", il ne fait pas semblant, vu qu'il a décidé d'écrire et de produire seul l'intégralité des titres. De toute évidence, il souffrait d'une crise de confiance envers le reste du monde, mais au travers de certains morceaux, tel le touchant "See America" qui ouvre l'album, il chante superbement, face à lui-même : sa voix semble ne tenir qu'à un fil et trouve le moyen de nous surprendre encore après son passé déjà glorieux. Il reste toutefois l'impression diffuse que Grant Lee n'ose se dévoiler complètement, qu'il se cache derrière des arrangements un peu trop encombrants : à défaut de batteur, boîtes à rythmes et synthé-orgues soutiennent les compositions. Si l'alchimie se révèle parfois complètement réussie (sur le morceau éponyme "Mobilize", notamment, rebondissant de sonorités orientales en percussions sidérurgiques), elle aboutit parfois à une sorte d'électro-pop bien léchée mais inoffensive (le sautillant "Spring released").

Les fans du Buffalo risquaient d'être déroutés mais se sont retrouvés en terrain connu avec les dépouillés "Sleepless lake" ou "April chimes" (plus proches de "Ladie's love oracle", enregistrement d'un Grant-Lee au fond du gouffre), avant d'abandonner les a priori et d'apprécier pleinement cet album très agréable à écouter. Grant Lee refuse encore d'accepter son extrême sensibilité, mais remonte doucement la pente. Il faudra attendre l'album suivant, "Virginia creeper", pour qu'il retrouve enfin le sourire.