Dans ce nouveau volume (le sixième ? le septième ?) des aventures de Marc Bianchi, maître à penser de Her Space Holiday, faut-il parler de virage à 360°, de dérapage incontrôlé, ou de sortie de route mystérieuse ? Toujours est-il que l’électro(n) libre californien a délaissé la quasi-totalité de ses machines pour des instruments plus traditionnels, de la guitare au banjo en passant par l’orgue, la mandoline ou le xylophone.
Au fil des quatorze morceaux dont les noms à rallonge racontent déjà pas mal de choses, le compositeur narre des histoires souvent absurdes, qui traitent de deuil, d’enfance et de panda. Mais, quel que soit le sujet, les refrains de l’homme-orchestre aux tatouages multiples entraînent dans une spirale infernale et ensoleillée qui donne envie de taper dans ses mains ou de bouffer tranquillement du bambou. Jouant de sa voix de caméléon nasillard, on entend surgir aussi bien Bob Dylan, les frères Reid (The Jesus and the Mary Chain) ou Kim Fahy (The Mabuses), Bianchi chante et parle en même temps, survolant cette conception vocale très anglaise qu'on retrouve aussi bien chez Feargal Sharkey (Undertones) que chez Mike Skinner (Streets), tout en sachant se muer en crooner anachronique sur "The boys and girls " ou en gouailleur sensible dans "The year in review" (qui reprend avec surprise les cordes basses de "My baby just cares for me " de Nina Simone).
Disque à part et inclassable, "Xoxo Panda and the new kid revival" semble être un album de punk au ralenti et trafiqué pour les enfants, avec ses hymnes frelatés et ses comptines électroniques malsaines auquel il ne manque qu’un sticker "Parental advisory, explicit music". C’est paradoxalement dans les titres d’apparence très enfantine ("The truth hurts so this should be painless" et "My crooked crown" en particulier) que se révèle la grande maturité musicale de l’individu, avec des mélodies métronomiques et quasi soporifiques tellement inquiétantes qu’elles seraient capables de déclencher des nuits d’angoisse et d’insomnie – le musicien a d’ailleurs ses phalanges tatouées à la manière du révérend de "La nuit du chasseur". Bonne nuit les petits…