An Artpop! compilation : The Times - Teenage Filmstars - O' Level - Ed Ball

Heres to old England

par Jérôme Florio le 07/05/2006

Note: 7.0    

The Times, Teenage Filmstars, Love Corporation, O Level... autant d'alter-egos pour Edward Ball, personnage de la scène musicale pop anglaise depuis plus de vingt ans. Considéré par Noel Gallagher (Oasis) comme le "deuxième meilleur songwriter en Angleterre aujourd'hui" (le modeste Noel se réservant sans doute la première place), il a aussi collaboré avec les TV Personalities, Whaam!, Biff Bang Pow et The Boo Radleys.

Le titre ne trompe pas : "Here's to old England" est une sorte de tribute à la culture prolo anglaise. Un équivalent musical aux photos de Martin Parr ? L'Angleterre est une inépuisable source d'inspiration pour Ball, qui passe en revue les clichés de la "working class" dans des chansons (qui parleront ici surtout aux anglophiles) trop bien exécutées pour n'être que de simples pastiches. Plutôt post-punk avec The Times, shoegaze avec Teenage Filmstars, les divers pseudos pris par Ed Ball lui permettent des exercices de style. "London" est serrée et pressée comme le meilleur The Jam ; dans le même esprit, "My Andy Warhol poster" et "Picture gallery" épinglent le fantasme arty new-yorkais. Les Teenage Filmstars prennent des titres de chansons connues : mur de guitares à l'appui, ils en font une bouillabaisse shoegaze et psyché qui n'a rien à voir ("Kiss me", "Pressure", "Physical graffiti" sur lequel Ed Ball couine comme Robert Plant dans "Whole lotta love"). Un gros sens de la déconnade, que l'on retrouve sur "How to start a new country", monté comme du Frankie Goes To Hollywood avec son beat putassier. "Lundi bleu" est une version francisée et guitares hard FM de "Blue monday" (New Order). Le morceau "Extase" est aussi un possible clin d'oeil aux ex-Joy Division, qui avaient composé l'hymne officiel anglais "World in motion" pour la Coupe du Monde 1990 – avec ce refrain subversif "E for England", le "E" faisant aussi référence à l'ecstasy. Puisque l'on cause foot, notons l'hommage au joueur George Best ("Ballad of Georgie Best"). "Manchester" franchit un pas de plus dans le mauvais goût jouissif avec ses choeurs de stade d'hymne cheap ("Man-ches-ter / I'll always looove you"). Autre natif du coin, Liam Gallagher se fait entarter avec amour dans "Liam Gallagher our leader", à l'inspiration Beatles-Lennon (Lennon étant le Beatle préféré de tout musicien anglais ayant une conscience de classe).

"Love is blue", le seul titre sous son nom de cette compilation, conclut le disque dans le plus simple appareil guitare-voix, et c'est convaincant : le caméléon Edward Ball, derrière l'humour un brin épais qui va bien dans les pubs, a un coeur d'artichaut et un amour sincère pour la pop à guitares.