For the middle class

Huntsville

par Hugo Catherine le 31/05/2007

Note: 8.0    

"For the middle class" nous apparaît dans un long bruit brouillé et strident. Avec "The appearance of a wise child", nous assistons à un remplissage progressif de l'espace sonore, jusqu'à engorgement. Les éléments rythmiques se mettent vite en marche, surplombant le flot, et cavalent. Guitare, percussions, bruissements électro-acoustiques s'encastrent, répétitifs et rotatifs. Nous faisons l'expérience d'une musique qui aspire les moindres trous d'air. "Melon", au bout de l'album, donnera d'ailleurs l'impression d'un dégonflage sonore, les sons fuyant hors de notre portée auditive, retombant dans l'oubli du silence. Par son sens de l'harmonie revisitée et ses cadences haletantes, Huntsville densifie l'atmosphère.

Dense et un peu usante, notre écoute est toutefois parsemée d'éclaircissements laconiques, éblouissant la torpeur alentour. Par des touches mélodieuses de guitares, par quelques voix célestes, Huntsville favorise l'émergence de clarté dans l'assombrissement, de respiration dans l'étouffement. Ces incursions délicates s'étiolent dans une masse sonore maximaliste : "For the middle class" se transforme alors, par intermittence, en magnifique album de noisy folk, hallucinatoire et énigmatique.

Huntsville surprend non pas temps par les types de sonorités utilisées que par les formats et les structures des morceaux. Ainsi, "Add a key of humanity" s'étend sur plus de 22 minutes. Sans début ni fin bien définies, cette piste glisse dans nos oreilles avec entêtement ; les enjambées d'une contrebasse free mais lasse se mêlent aux boucles percussives façon jungle débridée. Le trio norvégien déploie son tribalisme céleste avec envergure tant le format spacieux s'y prête. Le temps long lui va bien au teint. Du coup, "Serious like a pope", plus court, bride un peu la densité féerique du groupe. Huntsville a besoin de respirer au grand air, à fond les poumons.